Les soeurs Deblois - T1 - Charlotte by Louise Tremblay D'Essiambre

Les soeurs Deblois - T1 - Charlotte by Louise Tremblay D'Essiambre

Auteur:Louise Tremblay D'Essiambre [D'Essiambre, Louise Tremblay]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Guy St-Jean, éditeur
Publié: 2012-05-31T01:05:26+00:00


— Un moulin à coudre à côté de mon lit? Quelle chose hideuse. Tu n’y penses pas sérieusement, j’espère?

Blanche qui ne cousait que trois ou quatre fois par année. Blanche qui ne cousait que par rage, négligeant tout le reste pendant une semaine ou deux, pour invariablement claquer la porte de la salle de couture parce que là, franchement, il fallait faire du ménage, l’automne était déjà arrivé.

Blanche qui avançait dans leur vie comme dans la sienne par bonds, d’une obsession à une autre...

D’une migraine à une crise de foie...

D’une visite du médecin à une livraison de médicaments...

D’une rage de ménage à une indigestion d’Émilie...

Quand Raymond arriva enfin à sa chambre, Blanche dormait toujours. Il se glissa doucement dans son lit. Il ne voulait pas la réveiller, il ne voulait pas lui parler. S’il ne l’avait entendu battre jusque dans sa tête, Raymond aurait pu croire que son cœur s’était changé en pierre.

Il se fit tout petit sur le bord du matelas. Il sentait la chaleur de Blanche imprégnée dans les draps, contre son dos et il pensait à Antoinette. Il revoyait ses seins lourds, il sentait encore la chaleur de son ventre contre le sien et sa main avait gardé le galbe de ses hanches en mémoire. Son érection devint si forte qu’il fut tenté de se glisser dans la salle de bain comme il le faisait parfois. Mais ce soir, il aurait eu l’impression d’être infidèle.

Alors il s’appliqua à respirer profondément comme il le faisait au tout début de son mariage et petit à petit, bercé par son propre souffle, Raymond sentit le sommeil le gagner.

Le testament de monsieur Hamel n’était pas terminé de rédiger.

Puis il eut une dernière pensée pour le dossier de la vieille madame Bolduc. C’était bien la première fois qu’une entrevue n’était pas prête.

Et il s’en fichait.

Il n’aurait pas le choix, il devrait rappeler Antoinette à la première heure demain pour convenir de l’attitude à adopter. Cela faisait partie du professionnalisme qu’il voulait offrir à tous ses clients : quand ils quitteraient son étude, demain, madame Bolduc et son fils seraient en bons termes. Raymond se l’était promis. Mais pour ce faire, il avait besoin d’Antoinette.

Et cette obligation avait un petit quelque chose d’excitant. Elle était à la fois rassurante et lâche.

Cette obligation faisait mourir dans l’œuf les scrupules qu’il ne ressentait pas encore mais qui, à la lumière du matin, pourraient peut-être se manifester.

Et demain, il allait aussi s’occuper d’Emilie.

Dès la fin de la rencontre, avant même de terminer le testament de monsieur Hamel, il allait entreprendre les démarches nécessaires auprès de Germain.

Qu’il ait eu le temps d’en parler à Blanche ou pas.

Il comprenait enfin qu’il n’avait aucune permission à demander.

Parce que la petite religieuse en blanc, l’insignifiante comme le disait Blanche, avait eu un regard incisif quand elle lui avait dit:

— Si vous ne faites rien, moi, je vais agir. Avec ou sans votre autorisation. Je ne tolérerai plus de voir souffrir cette enfant en me faisant dire que c’est normal. C’est



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