Les six compagnons et l'homme au gant by Paul-Jacques Bonzon

Les six compagnons et l'homme au gant by Paul-Jacques Bonzon

Auteur:Paul-Jacques Bonzon [Bonzon, Paul-Jacques]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2011-10-19T19:23:33+00:00


CHAPITRE X

RIQUET PARLE

Notre domaine, au bas de la rampe des Pirates, était encombré d’un bric-à-brac de planches, de caisses, de vieux vélos et de patins à roulettes. Il y avait même une ancienne voiture d’enfant dont les roues nous avaient servi à fabriquer un chariot sur lequel nous dévalions les pentes de la Croix-Rousse.

Cet ancien atelier de tisserand ne recevait la lumière que par une seule fenêtre dont nous avions remplacé les carreaux brisés par des morceaux de carton. À l’intérieur, l’obscurité était presque complète. Par précaution, nous avions toujours dans nos poches des bouts de bougie. Au moment d’entrer dans cet antre, Riquet hésita, vaguement inquiet.

« Ne crains rien, dit Bistèque, cet endroit est à nous. Nous y venons souvent. »

Mady nous avait accompagnés. Elle prit pour siège une caisse recouverte d’une vieille couverture pliée en huit. Les autres s’installèrent comme ils purent, sur les planches ou à même le sol.

« Pourquoi m’avoir fait venir jusqu’ici ? s’étonna encore Riquet. Vous avez donc tant de choses à me demander ? »

Personne d’autre, mieux que Mady, ne pouvait lui expliquer notre inquiétude.

« Voilà, commença-t-elle, nous allons t’apprendre ce que nous savons. Il s’agit avant tout de sauver Loulou. Promets de répondre à nos questions.

— Je le promets. »

D’une voix lente, pleine d’émotion, Mady expliqua l’étrange affaire qui nous tenait en haleine. Elle répéta les révélations de Loulou à Gnafron sur son lit d’hôpital, nos explorations dans certain sous-sol d’une impasse, les lettres de menaces adressées à Loulou, nos soupçons sur le buraliste du « Tabac Blond », après l’incident du gant.

Assis sur une planche, les coudes sur les genoux, le menton sur les poings, Riquet écoutait attentivement, fixant le sol devant lui. Quand Mady se tut, il releva la tête et nous considéra longuement l’un après l’autre.

« Voilà, Mady t’a tout dit, conclut alors Corget, peux-tu nous aider à éclaircir ce mystère ? »

Riquet secoua la tête.

« Je ne sais, rien. Il ne s’est jamais rien passé d’anormal au « Tabac Blond ». Certainement, vous vous trompez.

— Possible, approuva Gnafron. Pourtant, nous aimerions avoir certains détails. Toi seul peux les donner… Tu n’es pas bavard, je le sais, mais n’oublie pas qu’il s’agit de Loulou. »

Riquet eut une sorte de sourire ennuyé. Gnafron poursuivit :

« Quand, comment es-tu entré au service de ce buraliste ?

— C’était au mois d’août. Un matin, j’étais venu chercher un journal de mode pour ma mère. Dans la boutique, j’ai rencontré un ancien camarade de classe. Nous avons échangé quelques mots. Je lui ai appris que j’avais quitté l’école définitivement et que j’allais travailler. Alors, le buraliste s’est approché. Il avait justement besoin de quelqu’un pour l’aider dans son commerce. Il se proposait de me payer convenablement. Rien de plus facile comme travail pour un débutant. J’en ai parlé à mon père qui a refusé en disant que ce n’était pas un vrai métier pour moi. J’ai insisté en pensant à mon petit frère Henri. Mon petit frère a été très malade au printemps dernier ; il a fallu l’envoyer à la campagne.



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