Les rêves rouges by Jean-François Chabas

Les rêves rouges by Jean-François Chabas

Auteur:Jean-François Chabas [Chabas, Jean-François]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Juvenile Fiction, Social Themes, General, Love & Romance
ISBN: 9782075049832
Éditeur: Gallimard Jeunesse
Publié: 2015-04-08T22:00:00+00:00


. 24

– Lachlan ? Lachlan ?

Quelque chose appuyait sur mon front. Et j’avais l’impression qu’on m’avait ligoté.

– Lachlan ?

J’ai battu des cils, comme dans de la poix. Mes paupières étaient engluées.

– Lachlan ? Combien j’ai de doigts ?

Est-ce que je n’avais pas déjà vécu cette scène ?

– Tu peux suivre la lumière avec ton regard, Lachlan ? Droite... gauche... Oui. Pupilles réactives. Constantes ?

J’ai entendu une bouillie de mots confus, plusieurs personnes qui échangeaient des phrases courtes sans que je puisse les voir, puis mes yeux se sont totalement ouverts. Un flot de lumière blanche m’a ébloui. J’ai bredouillé, ne reconnaissant pas mon propre timbre :

– Daffodil m’a encore cogné ?

Ma mère est apparue dans mon champ de vision, avec les traits déformés d’une photo prise au grand-angle.

– Non. Tout va bien.

J’ai essayé de relever la tête, mais j’étais cloué à quelque chose de plat. Une autre figure a remplacé celle de maman. Un homme noir, rouflaquettes fournies, qui s’exprimait avec une application lasse.

– Ne bouge pas, Lachlan. Tu es dans une ambulance...

– Oh, merde !

– Tu es dans une ambulance, nous te conduisons à l’hôpital. Je m’appelle Ray. Je suis médecin. Il n’y a rien de grave, nous t’avons juste immobilisé en attendant de vérifier que tu n’as pas de fracture ou un autre petit souci. Tu veux bien serrer mes deux doigts ? Voilà. Parfait. En pleine forme.

– Qu’est-ce qui s’est passé ?

Ma mère a réapparu dans mon champ de vision.

– Nous en parlerons plus tard, si tu veux bien, mon chéri.

Ces mots doux m’ont plus effrayé que le reste.

– Je veux qu’on me dise ce qui s’est passé !

– Tu as reçu un projectile à l’arrière du crâne.

– Un... hein ?

– Tiré par un lance-pierre. C’est ce que pense la police.

Nous sommes arrivés à l’hôpital. J’accumulais les points de fidélité, bientôt on allait m’offrir un stétho­scope ou un lot de seringues.

Il n’y avait pas la moindre chance pour que les Sog m’aient tiré dans la tête, cela n’aurait eu aucun sens. Mais qui, alors, m’avait pris pour cible ? C’était le moment de tout révéler, même sur la banderole, d’expliquer à maman que quelqu’un s’acharnait sur moi depuis des jours. On finirait par avoir ma peau. Malgré tout, je n’ai rien dit. Par entêtement, parce que d’une certaine façon, je ressemblais à Flower Ikapo. Je voulais régler mes problèmes seul. Pendant que je subissais les examens, je me suis appliqué à passer en revue ce qui avait pu m’échapper, dans mon entourage. Depuis que j’avais pris le parti de Daffodil au collège, on m’avait fui, raillé, peut-être méprisé, mais poser une banderole raciste sur notre gazon ? Voler mes affaires ? M’envoyer une bille métallique dans le crâne ? C’était une tout autre démarche. Il y avait de la haine là-dedans. Qui pouvait aller aussi loin ? Qui me détestait assez pour mettre ma vie en danger ? Edward. Comment se faisait-il alors que je n’y croie pas ? Les conséquences ne l’auraient arrêté en aucune manière,



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