Les parisiennes de Paris by Histoire

Les parisiennes de Paris by Histoire

Auteur:Histoire [Histoire]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction
Publié: 2006-03-03T23:00:00+00:00


LES NOCES DE MÉDÉRIC

CHAPITRE PREMIER

Où l'auteur, éminemment coloriste, prouve qu'il n'appartient pas à l'École du bon sens, et insinue qu'il possède un dictionnaire des rimes françaises.

Au dehors, la nuit était sereine. Et cependant ton âme, ô Médéric, était plus calme et plus sereine que cette blanche nuit d'hiver où le clair de lune et les rayons des étoiles faisaient danser leurs clairs esprits sur la terre gelée.

Car il était dans sa chambre, le beau, le blond, le spirituel, l'heureux Médéric! Dans sa bonne chambre de la place de l'Odéon, n° 4, à l'entresol, chambre souriante, bien close, bien chaude, calfeutrée par les étoffes de soie et les étoffes de laine, par la toile et le velours, et par les bourrelets innombrables.

Il était commodément assis dans un bon fauteuil, l'honnête Médéric; il était assis devant son feu, un grand feu, et ne faisait absolument rien. Je me trompe, il fumait une cigarette. O cigarette, cigarette, petite courtisane au panache bleu, follement campée dans ta robe de papel de hilo, je ferai certainement un poëme sur toi la prochaine fois que je retrouverai mon dictionnaire des rimes. Ce sera un poëme en strophes de six vers, comme La Malédiction de Vénus, et je le ferai imprimer sur papier à cigarettes, de sorte qu'on dira à l'avenir: voulez-vous fumer un sixain?

Il y avait un si grand feu que tout flamboyait et craquait dans la chambre: statuettes, cristaux et porcelaines de Chine! Pour Médéric, pareil à un monsieur qui a sa loge à l'Opéra, il écoutait nonchalamment les harmonies domestiques, sans se donner la peine d'applaudir aux beaux endroits.

Et d'abord, dans la flamme du foyer, au milieu des turquoises et des émeraudes et des floraisons flamboyantes de roses bleues et aurore, chantait et dansait, au bruit du triangle et des castagnettes, la folle salamandre, vêtue de toiles d'or et d'argent, et de papier métallique avec toutes sortes d'oripeaux et de paillettes! Et ses joyaux de Venise, ses colliers de verre, ses voiles de crêpe rose et bleu semés d'étoiles de fer-blanc, tourbillonnaient dans les éblouissants arcs-en-ciel des joyeux tisons.

—Je t'aime, disait-elle à Médéric, moi qui suis gaie comme l'oiseau, folle comme les comètes, éblouissante comme la prose de l'ami Théo, et qui rossignole comme une suite de triolets galamment troussés par un grand enfileur de perles! Je t'aime parce que tu es un honnête garçon et que tu aimes mieux me voir danser pour toi seul que d'aller applaudir cette bégueule de Rosati, en compagnie de quinze cents imbéciles. Va, mon cher trésor, je te ferai des feux d'artifice comme Ruggieri n'en a pas rêvé, des aurores boréales inconnues de Séraphitus-Séraphita, et des féeries comme tu n'en as jamais vu aux Funambules, même le jour où Joséphine, serinée par moi, jouait La Fille du feu, avec trente-deux mille escarboucles, sans compter ses yeux!

Et les torchères allumées, flammes fantasques, embarrassées et tortillées entre elles comme de jeunes Lesbiennes, disaient à Médéric:

—Nous sommes les astres et les étoiles de ta maison, et c'est pour toi que



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