Les Paradis naturels by COLLECTIF

Les Paradis naturels by COLLECTIF

Auteur:COLLECTIF
La langue: fra
Format: epub
Tags: Picquier
Éditeur: Editions Philippe Picquier
Publié: 2011-12-01T00:00:00+00:00


51 Anecdote du Classique taoïste Zhuangzi illustrant la relativité des choses du monde.

MON ERMITAGE

(Gai maochu ji)

ZHANG Tongchu

J’habite dans une chaumière au sud des remparts, endroit peu fréquenté qui convient à la méditation bouddhique. Un mur bas en fait le tour, les lianes des arbres protègent ma porte et se reflètent dans le ruisseau qui coule tout autour, mêlées à de grands bambous. Je vois des champs et des nuages se fondre dans l’espace et une succession de tertres anciens flous comme des chevelures. Huiyun, un moine qui fut l’élève du vénérable Zibo, est venu s’installer à côté avec deux disciples. Ils sont absorbés dans une contemplation silencieuse et mènent une vie simple et frugale.

J’ai lié des bambous pour servir de murs et coupé des roseaux en guise de tuiles, adossé un reliquaire à un cyprès et suspendu une lampe à une liane. Il n’y a pas de stores pour protéger des vents violents et des pluies glacées mais l’éclat du soir et les brumes du matin en font une retraite studieuse et recueillie, un abri modeste et sûr, au voisinage paisible. Si l’on modère son appétit, « un bol suffit à mille bouches » et si l’on renonce aux apparences, une robe de moine peut durer dix ans. Les choses ne méritent pas d’être recherchées, pourquoi en posséderais-je ? Les hommes accomplis du passé avaient les astres pour fenêtres et ne méprisaient pas les plus humbles matériaux, ils avaient les quatre saisons pour jardin et trouvaient belles les herbes folles. Il suffit de prendre ce qu’offre la création et la vie suit d’elle-même son cours. Il y a des limites à la perfection obtenue par l’habileté mais il n’y en a pas à la pureté du désir, à plus forte raison un lieu consacré au Bouddha doit-il être une humble chaumière. Des ermites célèbres s’en contentèrent, pourquoi vouloir trouver un monastère dans le jardin où prêcha le Bouddha, faire de la poussière hors du monde de poussière, une loi à l’intérieur de la loi ?

J’ai toujours eu la passion des jardins et tôt découvert la joie du chan (zen).

Je vis plus modestement qu’un passereau dans ma pauvre demeure et le vent d’automne souffle entre ses quatre murs mais mes plaisirs sont plus nombreux que les esprits affamés. Dans le calme de l’inaction je me tourne vers le Bouddha et contemple le vide. Je ne me bats pas pour une corne d’escargot52 et préfère m’entendre avec les oiseaux. J’écris cela pour dire combien je savoure la joie d’avoir bâti cette chaumière.



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