Les nouvelles maladies infectieuses by Didier Raoult

Auteur:Didier Raoult [Raoult, Didier]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Que sais-je ?
Publié: 1999-09-30T22:00:00+00:00

CHAPITRE V

Le sexe dans les maladies infectieuses

Les muqueuses génitales sont particulièrement adaptées à la transmission des germes. Ce phénomène a été reconnu très tôt car nombre de maladies vénériennes ou de maladies sexuellement transmises affectent directement le sexe sous une forme aisément repérable chez l’homme. Certaines ont même un délai d’apparition tellement court qu’il est facile d’identifier la source. Il est difficile de faire la part des comportements qui permettent d’éviter les maladies sexuellement transmises, la protection contre le risque de maladies infectieuses, qui consistait en une limitation du nombre de rapports ou tout au moins, du nombre de partenaires, et les stratégies destinées à s’assurer que la progéniture que l’on élève est bien la sienne. Dans ces conditions, les attitudes qui consistent à préserver la virginité, éventuellement jusqu’au mariage, et à promouvoir des attitudes de fidélité sont difficilement interprétables du seul point de vue des maladies infectieuses. Certaines mesures rituelles, telle la circoncision par exemple, peuvent être la conséquence d’une attitude de prévention vis-à-vis des maladies infectieuses. Il n’y a pas vraiment d’évidence qui démontre que la circoncision protège contre les maladies infectieuses en général, à l’exception de la balanite, qui est une infection du prépuce, lui-même ôté par la circoncision.

Par ailleurs, les différentes pratiques sexuelles n’exposent pas aux mêmes risques. La sodomie crée des risques spécifiques d’infection par les amibes, notamment, et favorise une transmission plus grande d’agents pathogènes, le virus du SIDA ou celui de l’hépatite B. Le risque plus élevé est vraisemblablement lié au fait que la muqueuse du tube digestif est plus fragile que celle du vagin. Certaines techniques associées, telles que la douche du rectum qui prépare l’intestin à la sodomisation, jouent un rôle complémentaire dans la fragilisation de la muqueuse. Enfin, il est possible que les cellules immunitaires présentes dans le sperme diminuent les défenses de la muqueuse de l’intestin.

La diversité des habitudes sexuelles joue de façon significative sur le risque d’infection. C’est ainsi que dans le courant des années 80, on a vu augmenter de manière très nette les maladies sexuellement transmises. C’est le cas aux États-Unis où ceci a été étudié pour la syphilis et l’herpès génital. Plusieurs hypothèses explicatives sont avancées, le fait que la contraception soit assurée par la pilule a peut-être entraîné une moindre utilisation de préservatifs mécaniques. En même temps, il semble que soit intervenue une augmentation du nombre de partenaires, homosexuels comme hétérosexuels, en particulier chez les jeunes. Durant cette période, l’âge moyen des premiers rapports sexuels a baissé et le nombre de partenaires a augmenté.

Il est vraisemblable que c’est le moment où la fréquence de Chlamydia trachomatis a explosé. Il est difficile de mesurer précisément ce phénomène car, avant les années 70, le germe n’était pas connu. Si une part importante de la population, au début des années 80, était porteuse de cette bactérie, la détection systématique et l’efficacité des traitements ont permis de constater la diminution du risque dans les pays développés. En revanche, dans les pays à plus faible développement économique, les maladies

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