Les mystères de Druon de Brévaux - Aesculapius by Unknown

Auteur:Unknown
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions Flammarion

Une voix calme et ferme résonna alors dans leur dos.

— Messieurs ? Pardon, mon ami, je venais de descendre de notre chambre et j’ai perçu quelques bribes de votre conversation.

Les deux visiteurs se tournèrent pour découvrir la ravissante mais fort pâle Annette Lemercier, qu’ils saluèrent, attendant la suite.

— Tout ceci est ma faute… J’ai découvert Séraphine plus tôt… Pendue à la poutre de sa masure. J’ai refermé la porte derrière moi et confié la clef à mon mari. Séraphine… était devenue silencieuse, si distante, étrange. Sans doute le monstrueux souvenir l’a-t-il rongée au point de la pousser à cet acte irréparable. (Les larmes montèrent aux beaux yeux et elle acheva d’une voix tremblante :) Je… je n’ai pas pu supporter que son corps ne soit pas béni. Séraphine a tant souffert… Sa vie ne fut que revers et affliction, avant même cette attaque…

— Et votre époux a donc…

Annette interrompit le géant d’un geste.

— Mon époux n’a fait que céder à mon insistance et son… écart est la conséquence de son amour et de sa faiblesse envers moi. Je ne sais s’il s’agit d’un crime ou d’un péché. Cependant, j’en revendique l’entière responsabilité.

— Cette explication me satisfait bien davantage, admit Druon. Votre « insistance », madame, est à mettre au compte d’une belle compassion qui vous honore.

— Et puis, intervint Léon songeur, le village est sans prêtre. Qui peut donc décider du sort qui doit échoir à la dépouille ? Certes pas nous. Quant au chapelain de la baronne, ce qu’il ignore ne peut le troubler.

— Vous dites vrai, Léon, approuva Druon. Nous allons donc procéder ainsi que vous l’aviez envisagé, messire Jean, car je ne doute que vous ayez prévu la suite. Voyons d’abord ce tonnelier. Ensuite nous nous rendrons à la masure. Après, vous ferez ainsi qu’il vous semble juste.

De belles larmes de gratitude dévalèrent des yeux d’Annette qui balbutia avant de sortir de la pièce :

— Dieu vous bénisse, messieurs.

— Je suis votre obligé à jamais, messire mire, messire Léon, déclara Jean le Sage dont le soulagement était perceptible.

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