Les Mystères du peuple - Tome X by Eugène Sue

Les Mystères du peuple - Tome X by Eugène Sue

Auteur:Eugène Sue [Sue, Eugène]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romans, Historique
Éditeur: Ebooks libres et gratuits
Publié: 2011-10-23T12:52:45+00:00


Cet homme se nommait IGNACE DE LOYOLA.

Ses six compagnons (n’oubliez jamais leurs noms, fils de Joel) s’appelaient JACQUES LAINEZ, Espagnol ; ALPHONSE SALMERON, INIGO DE BOBADILLA et RODRIGUEZ D’AZEVEDO, Portugais ; FRANÇOIS XAVIER, gentilhomme français ; et enfin PIERRE LEFÈVRE, natif des montagnes de la Savoie, pendant dix ans ami intime de Christian Lebrenn.

François Xavier tenait le flambeau de cire allumé ; Lefèvre portait sur son épaule un paquet volumineux. Les six disciples de Loyola, immobiles, muets, attachaient leurs yeux sur lui, non pour essayer de deviner la pensée de leur maître, ils n’auraient pas eu cette audace… mais pour tâcher de prévenir sa volonté, quelle qu’elle pût être. Loyola, contemplant de nouveau l’intérieur de la grotte, dit d’une voix solennelle :

– Salut, retraite profonde, où ainsi qu’autrefois, dans la caverne de Manrès, j’ai souvent médité, mûri mes desseins !… – Puis, prenant un bloc de pierre pour siège, croisant ses mains sur la poignée de sa béquille, appuyant son menton sur ses mains, il provoqua son regard noir et profond sur ses six disciples restés debout, les yeux baissés, impassibles comme des statues, se recueillit un moment et reprit : – Mes fils, ce soir, je vous ai dit : « Venez… » Vous êtes venus, ignorant où je vous conduisais… Pourquoi m’avez-vous suivi ? Réponds, Xavier. Entendre l’un de mes disciples, c’est les entendre tous… l’entendre aujourd’hui, c’est entendre ceux qui lui succéderont d’âge en âge…

– Maître, vous nous avez dit : « Venez ! » Nous sommes venus…

– Sans vous demander où je vous conduisais ? Réponds… Lefèvre…

– Maître, nous vous avons suivi sans réflexion… sans examen.

– Pourquoi sans réflexion, sans examen ? Réponds, Lainez…

– Les membres du corps obéissent à la volonté qui les dirige ; ils n’interrogent pas cette volonté : ils obéissent.

– Xavier, – reprit Loyola, – place ton flambeau dans un interstice de ce roc. Lefèvre, dépose ce paquet à tes pieds ; il contient tes habits sacerdotaux et ce qui est nécessaire pour célébrer le saint sacrifice de la messe ?

– Oui, maître, selon vos ordres.

François Xavier assujettit le flambeau entre deux pierres ; Lefèvre dépose son paquet près de lui ; les autres disciples restent debout, les yeux baissés. Loyola, toujours assis et le menton appuyé sur la poignée de sa béquille, reprend :

– François Xavier, lorsque je t’ai rencontré sur les bancs de l’Université, quel était ton caractère ?

– Maître, s’il m’en souvient, j’apportais à l’étude et aux choses de la vie une fougue extrême…

– Et toi ? – dit Loyola, – et toi, Inigo de Bobadilla ?

– Maître, le moindre obstacle me rebutait ; mon âme manquait d’énergie…

– Et toi, Jean Lainez ?

– Maître, j’avais une confiance excessive en moi-même…

– Et toi, Rodriguez d’Azevedo ?

– Maître, mon cœur débordait de tendresse ; une action touchante, une parole affectueuse, le serrement de main d’un ami, rendaient mes yeux humides de larmes…

– Et toi, Alphonse Salmeron ?

– Maître, l’orgueil me dominait ; je me sentais aussi fier de ma force physique



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