Les meilleurs récits de Planet Stories by Jacques Sadoul

Les meilleurs récits de Planet Stories by Jacques Sadoul

Auteur:Jacques Sadoul
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions J'ai Lu
Publié: 1975-03-01T00:00:00+00:00


— Je ne puis vous comprendre, John Laird, dit Joana.

— Quelquefois, répondit Daryesh sur un ton léger, je ne me comprends pas très bien moi-même… ni vous, ma chère.

Elle se raidit un peu.

— C’est bon, lieutenant. Rappelez-vous votre situation ici.

— Oh ! au diable nos grades et nos pays. Soyons des êtres vivants, pour changer.

Son regard était interrogatif.

— C’est une étrange façon de s’exprimer pour un Solaire.

Mentalement, Daryesh poussa un juron. Au diable ce corps, en tout cas ! La force, la finesse de coordination et de perception, la moitié des sens qu’il avait connus, manquaient à ce corps. La structure grossière du cerveau ne détenait plus la puissance de raisonnement qu’elle avait eue. Sa pensée était obscure et paresseuse. Il commettait des bévues dont le vieux Daryesh aurait été incapable. Et cette jeune femme les remarquait aussitôt. Il était prisonnier des ennemis mortels de John Laird, et l’esprit de Laird lui-même s’embrouillait dans ses pensées, sa volonté et sa mémoire ; prêt à le combattre s’il laissait paraître le moindre signe de…

L’ego Solaire ricana méchamment. Doucement, Daryesh, doucement !

Tais-toi, rétorqua son esprit et il prit conscience, avec tristesse, que son propre système nerveux, entraîné comme il l’avait été, ne se serait pas rendu coupable d’une réponse aussi puérilement passionnelle.

— Je peux aussi bien vous dire la vérité, capitaine Rostov, dit-il tout haut, je ne suis pas du tout Laird. Je ne le suis plus.

Elle ne répondit pas, se contenta de baisser les yeux et de se renverser dans son fauteuil. Il nota en passant la longueur de ses cils – ou bien était-ce là l’esprit de Laird, mis en action grâce à une trop grande ressemblance avec Ilorna ?

Ils étaient seuls tous les deux, assis dans sa petite cabine à bord du croiseur Janyard. Un garde se tenait devant la porte, mais celle-ci était fermée. De temps en temps ils entendaient un bruit sourd ou métallique : on montait à bord les lourdes machines de Vwyrdda – autrement ils auraient pu se croire les deux seuls êtres vivants sur la vieille planète crevassée.

La pièce était sobrement meublée, mais il y avait çà et là des touches féminines : des rideaux, un petit pot de fleurs, une robe habillée dans un cabinet entrouvert. Et la femme qui lui faisait face de l’autre côté du bureau était très belle, avec ses cheveux roux répandus sur ses épaules, ses yeux brillants qui ne quittaient pas les siens. Mais sa main fine était posée sur un pistolet.

Elle lui avait parlé franchement :

— Je veux avoir avec vous une conversation en tête à tête. Il y a quelque chose que je ne comprends pas… mais je serai prête à tirer au premier mouvement suspect. Et même si vous deviez d’une façon ou d’une autre vous emparer de moi, je n’aurais aucun intérêt comme otage. Ici nous sommes des Janyards et le vaisseau représente pour chacun de nous plus que notre existence.

À présent, elle attendait qu’il continue à parler.

Il prit une cigarette dans la boîte



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