Les marches de l'Amérique by Weller Lance

Les marches de l'Amérique by Weller Lance

Auteur:Weller, Lance [Weller, Lance]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782351781494
Éditeur: Gallmeister
Publié: 2017-03-02T00:00:00+00:00


LE mercredi, Tom se leva, tout chancelant, et il alla ratisser les vieilles cendres dans le champ du fond qui était négligé depuis longtemps, retournant la terre pour bien les mélanger, et il ne s’arrêta que lorsqu’il se sentit au bord de l’évanouissement. Il passa la journée dans une poussière irrespirable qui formait un nuage autour de ses mollets et s’élevait, agressant ses sinus jusqu’à ce qu’ils finissent par être complètement bouchés. Il vomit deux fois ce jour-là, et il se rendit à la lisière du Bois de la Haine pour se soulager du contenu de son estomac à l’ombre même de l’arbre atteint par le chancre. Les tumeurs ligneuses l’observaient et quand le vent se mettait à souffler, elles produisaient un bruit de respiration. Tom s’assit, écoutant les mouches explorer son vomi parce que quelque chose dans la constance de leur léger bourdonnement le soulageait, adoucissant la douleur glacée qui vibrait dans toutes les cavités de son crâne.

LE jeudi, il put à peine entrouvrir les paupières tellement il avait mal et il ne quitta pas son lit, sauf pour placer à l’aveuglette le pot de chambre frais contre sa peau chaude. Mais il ne produisit rien d’autre qu’une écume liquide dégageant une telle puanteur que même Drum fut obligé de sortir sur le porche. Quand il éternua, il eut les mains criblées de petits caillots tout chauds, mélanges de sang et de poussière, et à chaque éternuement, il se dit que ce devait être l’instant même de sa mort. Il pleurait. Sa mère faisait ce qu’elle pouvait pour lui, c’est-à-dire pas grand-chose.

LE vendredi, Tom entendit sa mère dire à son père de courir chercher le docteur, et il saisit l’échange suivant :

— Ça va me prendre une journée pour y aller et revenir. Plus que ça même. Il a mal à la tête. C’est tout.

— Regarde-le, John. Regarde-le donc.

— Toi, regarde-le.

— John.

— Bon à rien.

— C’est notre enfant. C’est ton enfant.

— Ah. Est-ce qu’il l’est vraiment ?

— Il faut que tu ailles chercher un docteur.

— Et qu’est-ce qu’il va faire ? Prendre son argent et nous dire que ce garçon a mal à la tête. Donne-lui de tes pilules.

— Tu crois que je ne lui en ai pas déjà donné ? Il y a des jours de ça. Ça n’a rien fait. Regarde-le.

— Bon à rien, ce garçon est un bon à rien.

— Je te hais.

— Mais non, tu ne me hais pas.

LA douleur, chose incroyable, empira. Des scies s’attaquaient à son crâne. Chaque bruit éclatait, vrillait, se répercutait en lui, dans tout son corps, et il n’était plus qu’une cavité venteuse secouée par la souffrance. Si ses mains avaient été suffisamment grandes et puissantes, il aurait serré les poings autour de sa tête pour l’écraser et en extirper la douleur. Il se demanda s’il n’était pas déjà mort et s’il n’était pas maintenant torturé dans quelque enfer étrange. Il haletait et gémissait car exprimer cette douleur – l’articuler, même tout bas, dans des voyelles arrondies et des consonnes



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