Les malheurs de l'inconstance by C.-J. Dorat

Les malheurs de l'inconstance by C.-J. Dorat

Auteur:C.-J. Dorat
La langue: fra
Format: epub
Tags: Literature
Éditeur: eBooksLib
Publié: 2001-11-15T00:00:00+00:00


PARTIE 2

Lettre premiere.

du comte, à la marquise. ce n'est plus un mortel qui vous écrit. Vous m'avez créé une ame nouvelle... vous m'avez transmis la vôtre. Je franchis l'intervalle qui me sépare de vous... je vous vois, vous parle, vous entends ; je vous presse dans mes bras ; je meurs sur votre sein ; tous mes sens frémissent ; tous mes souvenirs sont brûlans...

mais c'est mon coeur seul qui jouit. C'est là que le bonheur survit à l'ivresse, que les desirs se cachent, et que la délicatesse renferme tous les motifs de mon pardon. Ah ! Je ne m'excuse point, je suis trop heureux pour avoir été coupable.

ô délices non encore goûtés, réunion de tous les plaisirs... de tous les sentimens, résistance de l'honnêteté vaincue par la passion, larmes de la pudeur essuyées par l'amour, extases qui ouvrez les cieux, retracez-vous à moi, occupez, embrasez ma nuit, fixez sous mes yeux les traits enchanteurs de ce que j'aime, tels qu'ils sont gravés dans mon ame ! ... vous que rien n'éclipse, que rien n'égale, vous que l'on juge si mal, que l'on connoît si peu, honorez de vos regards l'expression vraie d'un coeur pénétré de reconnoissance et d'amour... de quelle foule de charmes, de quels trésors je me suis vu le maître ! ... que de beautés ! Quelle modestie ! ... ah ! Qu'elle ne craigne rien ; le sentiment jouit, se rend compte et se tait : il s'enveloppe du voile qu'ose écarter le desir, connoît tout le prix d'une voluptueuse réserve, et tranquillise la pudeur au sein même de l'abandon.

En ce moment, que faites-vous ? Un sommeil paisible ferme-t-il ces yeux charmans, où mes destinées sont écrites ? Un rêve favorable me peint-il à vos pieds ardent à la fois et soumis ? Quand je vous ai quittée... que dis-je ! Quand je me suis arraché à vous, quand vous m'avez ordonné de vous fuir, votre main n'a point serré la mienne ; vous étiez tremblante, vous abandonniez le lieu de mon triomphe ! ...

l'azyle de mon bonheur, plutôt en victime timide qu'en amante idolâtrée...

quelques soupirs vous échappoient ; j'ai senti couler vos pleurs ! ... des pleurs ! Vous ! Ah !

N'en répandez point, gardez-vous d'en répandre...

reposez sans inquiétude, reposez dans le sein des illusions douces, et d'une sécurité profonde : moi, je veille pour penser à vous ; je ne m'en fie point à des songes du soin de me retracer votre image.

Ps. Je dépêche un courier vers vous ; demain dans la matinée vous recevrez ma lettre.

Ne pouvant charmer près de vous les heures solitaires de la nuit, je veux m'emparer au moins des premiers instans du réveil.

Lettre ii.

de la marquise, au comte. malheureuse ! Où suis-je ! Comment pourrai-je échapper aux reproches de mon coeur ? Ils sont affreux. De quel droit avez-vous forcé l'asyle où je m'étois sauvée ? Je vous fuyois ; c'étoit assez m'expliquer, c'étoit assez vous dire combien je tenois encore à des devoirs respectables, et que j'ai



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