Les jardins de France by Jean Vassort

Les jardins de France by Jean Vassort

Auteur:Jean Vassort [Vassort, Jean]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin
Publié: 2020-09-14T10:19:10+00:00


Un jardin à la française contesté

La forte audience que connaît le jardin à la française pendant la plus grande partie du siècle ne l’empêche pas d’être dès ce moment l’objet de critiques. Chacun connaît celles adressées par Saint-Simon aux jardins de Versaill es, selon lui « le plus triste et le plus ingrat de tous les lieux, sans vue, sans bois, sans eau, sans terre parce que tout y est sable mouvant ou marécage, sans air par conséquent », où Louis XIV « se plut à tyranniser la nature, à la dompter à force d’art et de trésors. Il y bâtit l’un après l’autre, sans dessin général ; le beau et le vilain furent cousus ensemble, le vaste et l’étranglé ». Plus loin il ajoute que « la violence qui y a été faite à la nature repousse et dégoûte, malgré soi ». Sans doute Saint-Simon est-il ici inspiré par son parti pris à l’encontre du roi. Mais sa dénonciation de la tyrannie et de la violence imposées à la nature n’est pas sans écho dans la France de l’époque.

Dans son traité De la distribution des maisons de plaisance (1737), l’architecte Jacques-François Blondel, certes plus nuancé, n’en rejette pas moins une interprétation trop stricte du jardin à la française. Rappelant que « les pièces qui forment un jardin de propreté sont les parterres, les fontaines, les bosquets, les salons, les salles de verdure, les cloîtres, les boulingrins, les bois, les berceaux, les treillages, les cabinets », il souligne que « c’est la distribution de toutes ces pièces qui donne de la grâce à un parc, c’est leur arrangement et leur variété qui causent de la surprise et qui amusent agréablement », et qu’il faut « faire en sorte que toutes les beautés d’un jardin ne soient pas aperçues d’un seul coup d’œil »4. Mais s’il appelle à davantage de souplesse, Blondel ne récuse pas l’héritage de Le Nôtre. Il défend en réalité une complémentarité entre le jardin ordonné et la campagne environnante, afin que le spectacle de la seconde mette en valeur la beauté classique du premier. La critique se fait plus vive chez le chevalier de Jaucourt, qui écrit dans l’Encyclopédie que depuis la mort de Le Nôtre, « l’art de son invention a étrangement dégénéré parmi nous ». Elle devient radicale chez René-Louis Girardin, il est vrai partisan déterminé du jardin anglais : « Le fameux Le Nôtre […] acheva de massacrer la Nature en assujettissant tout au compas de l’Architecte […] ; aussitôt, la plantation suivit le cordeau de la froide symétrie […] ; la vue fut emprisonnée par de tristes massifs et l’aspect de la maison fut circonscrit dans un plat parterre découpé comme un échiquier d’où le bariolage de sables de toutes les couleurs ne faisait qu’éblouir et fatiguer les yeux : aussi la porte la plus voisine pour sortir de ce triste lieu fut-elle bientôt le chemin le plus fréquenté5. »

La charge est excessive, car elle réduit la réflexion de Le Nôtre à de



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