Les Inconnus de Versailles by Levron Jacques

Les Inconnus de Versailles by Levron Jacques

Auteur:Levron, Jacques
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Histoire
Éditeur: Perrin
Publié: 2003-05-14T16:00:00+00:00


Chapitre X

L’ABBÉ SOLDINI, CONFESSEUR

DE LA DAUPHINE ET DES FILLES DE LOUIS XV

L’humeur est morose à la cour de Versailles en janvier 1757. Les conseillers au Parlement se sont mis en grève pour protester contre les décisions prises à l’égard des Jansénistes. Le traité franco-autrichien – le renversement des alliances –, assez bien accueilli au début par le public, soulève de graves critiques. La guerre contre le roi de Prusse est impopulaire. Les courtisans bourdonnent, s’agitent. Louis XV est agacé et nerveux.

Pour chasser ses soucis, il décide d’aller passer les fêtes de l’Épiphanie à Trianon. Il y fait plus chaud qu’au château où les cheminées tirent mal, où le vent règne en maître (il n’y a même que lui à régner en maître au château !). Toute la famille royale s’y transporte donc, à l’exception de Madame Victoire qui est légèrement souffrante. Bon père – Louis XV a toujours tendrement chéri ses enfants –, le roi revient le 7 janvier, dans l’après-midi, passer quelques instants au chevet de sa fille. Il travaille dans son cabinet avec le dauphin. À six heures, il se dirige vers son carrosse qui l’attend à l’entrée de la cour de Marbre. Il est accompagné de son fils, du grand écuyer, du duc d’Ayen, capitaine des Gardes. Soudain, un homme se précipite, bouscule l’escorte, frappe Louis d’un coup de couteau au côté. Ainsi se déroule, en quelques secondes, l’attentat de Damiens.

Louis XV, blessé, remonte dans sa chambre. C’est l’affolement. Tout le service est à Trianon, le lit royal défait. On a peine à trouver des draps. Le roi saigne abondamment. Il est persuadé qu’il va expirer :

« Je vais mourir ! Vite, murmure-t-il, allez chercher un prêtre et la reine. »

Et il s’évanouit.

Marie Leszczynska accourt :

« Madame, lui déclare-t-il d’une voix faible, je suis assassiné ! »

Il réclame de nouveau un prêtre et les Saintes Huiles. Aumônier, confesseur sont absents. Enfin se présente un modeste ecclésiastique employé au Grand Commun. Il s’enferme avec le roi.

Ce prêtre s’appelle l’abbé Soldini. C’est ainsi qu’il entre dans l’Histoire, à l’occasion de l’acte criminel de Damiens…

Jacques-Antoine Soldini était né à Paris en l’hôtel de Rohan, rue Vieille-du-Temple, le 4 décembre 1718. Son père, François-Marie, natif de Florence, était en effet le secrétaire italien du cardinal-prince de Rohan, grand aumônier de France (l’oncle du futur cardinal Collier…). Cette famille Soldini était de bonne noblesse toscane. François-Marie avait épousé une Parisienne de grande beauté à qui il ne donna pas moins de treize enfants. Il était pieux, lettré, fier de sa nombreuse postérité.

Quand on a treize enfants, il faut les caser, et quand on a la chance d’être le secrétaire du grand aumônier de France il convient de mettre à profit cette protection. Après une jeunesse assez turbulente, Jacques-Antoine entra dans les ordres. Le cardinal s’intéressa au jeune lévite. Il avait eu sur lui les meilleurs renseignements. En 1748, il le fit attacher à la Chapelle du Roi.

« Je suis persuadé, lui écrit-il le 18 octobre, que vous remplirez vos fonctions de manière que je n’aie qu’à m’applaudir du choix que



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.