Les Furies-Pavane by Roberts Keith

Les Furies-Pavane by Roberts Keith

Auteur:Roberts,Keith [Roberts,Keith]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science Fiction, Uchronie
Éditeur: OPTA
Publié: 1971-01-14T23:00:00+00:00


Nous marchions le long d’une belle plage de sable fin. À notre gauche, le soleil se couchait derrière un petit promontoire ; jusqu’à l’horizon, la mer n’était qu’un tissu d’or. La journée avait été fertile en événements ; une unité avancée avait réussi à établir une tête de pont sur la côte du Dorset. Selon ses rapports, il n’y avait pratiquement plus une guêpe, dans les régions côtières du moins, et la plupart des nids brûlaient ou avaient déjà brûlé. Pete et moi avions assisté à une douzaine de lectures de notre rapport, suivies d’une avalanche de questions. Mon épaule me faisait mal tellement on m’avait tapé dessus, et j’avais le sombre pressentiment que ce serait encore pire le lendemain. Au cours de la nuit, on devait nous ramener en Angleterre. L’armée enrôlait tous ceux sur qui elle pouvait mettre la main pour les premières opérations de nettoyage. Nous avions réussi à échapper un moment au tintamarre et à l’agitation constante ; nous marchions lentement, savourant le silence. Pour la première fois depuis mon arrivée sur l’île, j’avais le temps de me demander pourquoi Jane ne cessait de me hanter. « Je n’arrive pas à imaginer ce qui a pu lui arriver, » dis-je. « Si… si les guêpes l’avaient tuée dans le bateau, on aurait vu des traces. Elle n’a pas pu disparaître comme ça en pleine mer… »

Pete ne répondit pas. Une voiture s’arrêta à notre hauteur, sur la route qui longeait la plage. J’entendis la portière s’ouvrir puis se refermer. Une WAC apparut à côté de nous – une jolie fille, brune, portant l’uniforme avec coquetterie. Elle nous salua. « Le major Connor vous fait demander si vous êtes prêts à embarquer. »

— « Merci. Nous sommes prêts… » Je pris Pete par le bras et m’avançai vers la voiture qui nous attendait. Pete s’arrêta brusquement et se dégagea. « Que se passe-t-il ? » lui demandai-je, surpris.

Elle évita mon regard. « Va, Bill ! Je ne viens pas… »

— « Quoi ? »

— « Continue… continue à chercher cette fille. Tu finiras par la trouver. Comme tu l’as dit, elle ne doit pas être morte. Un bateau a dû la recueillir. Elle est peut-être en France ?… »

— « Mais qu’est-ce qui te prend, Pete ? »

Elle essaya de s’éloigner, mais je la retins de force. Soudain, elle éclata : « De toute façon, ça ne marcherait pas entre nous. J’sais pas quelle idée m’a prise… Ça serait une mauvaise blague, non ? La grand-mère à cicatrices qui raconterait aux mômes comment on a battu les guêpes ! Et puis, j’oublierai jamais que j’ai lâché ce gars. Je l’oublierai jamais… »

— « Pete, » dis-je, « Pete, ferme ça ! » Je ne sais pas comment c’est arrivé, mais soudain, elle était dans mes bras. J’embrassais ses cheveux, sa joue, sa longue cicatrice ; et elle… elle pleurait. C’était la première fois que je la voyais pleurer. Toute sa joue en était mouillée ; les larmes coulaient jusque sur son cou.



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