Les Fils De L'Homme by James P.D

Les Fils De L'Homme by James P.D

Auteur:James, P.D. [James, P.D.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman, Policier
ISBN: 9782213630564
Éditeur: Fayard
Publié: 1992-01-01T23:00:00+00:00


17

Lundi 15 mars 2021

Aujourd’hui, j’ai reçu la visite de deux membres de la Police de Sécurité. Le fait que je peux l’écrire prouve qu’ils ne m’ont pas arrêté et qu’ils n’ont pas trouvé ce journal. Aussi faut-il dire qu’ils ne l’ont pas cherché : ils ne cherchaient rien. Tant mieux. Car ce journal serait jugé plus que suspect par quiconque s’intéresse aux déficiences morales, à l’inadaptation sociale. Mais eux ne semblaient à l’affût d’aucun méfait tangible. Comme je l’ai dit, ils étaient deux : un jeune, sans aucun doute un Oméga – c’est extraordinaire comme ils sont faciles à reconnaître –, et un officier supérieur, à peine moins âgé que moi, qui portait un imperméable et tenait à la main une mallette de cuir noir. Il s’est présenté : inspecteur principal George Rawlings. Et il a présenté son compagnon : le brigadier Oliver Cathcart. Celui-ci était un Oméga type, l’air sombre, élégant, dénué d’expression. Rawlings, lui, était du genre costaud, le geste lourd, avec une épaisse toison de cheveux gris-blanc rigoureusement disciplinés, qu’on eût dit coupés à grands frais pour faire valoir les vagues qui frisaient sur la nuque et les tempes. Il avait les traits marqués, les yeux petits, tellement enfoncés que les iris étaient à peine visibles, et la bouche large, la lèvre supérieure arquée, affûtée comme un bec. Ils étaient tous les deux en civil, dans des costumes extrêmement bien coupés. Dans d’autres circonstances, j’aurais été tenté de leur demander s’ils allaient chez le même tailleur.

Lorsqu’ils sont arrivés, il était onze heures. Je les ai fait entrer dans le salon du rez-de-chaussée et leur ai demandé s’ils voulaient un café. Ils ont refusé. Invités à s’asseoir, Rawlings a pris confortablement place dans l’un des deux fauteuils qui encadrent la cheminée, tandis que Cathcart, après un instant d’hésitation, s’est posé bien droit sur celui d’en face. De mon côté, je me suis installé sur la chaise pivotante du bureau, que j’ai tournée dans leur direction.

Rawlings a dit : « L’une de mes nièces, la cadette de ma sœur, qui a failli être une Oméga, a suivi vos petites causeries sur la vie et l’époque victoriennes. Elle n’est pas très intelligente, vous ne vous souvenez sûrement pas d’elle. Encore que ce ne soit pas impossible. Elle s’appelle Marion Hopcroft. À ce qu’elle m’a dit, c’était une petite classe dont l’effectif diminuait semaine après semaine. Les gens manquent de persévérance. Leur enthousiasme se fatigue, surtout si leur intérêt n’est pas stimulé. »

En quelques phrases, il avait ramené mes cours à d’ennuyeuses causeries pour imbéciles inconsistants. Le truc n’était pas très subtil, mais je ne pense pas qu’il se souciait de l’être. « Le nom m’est familier, ai-je dit, mais c’est vrai, je ne me souviens pas d’elle.

— "Vie et époque victoriennes" – il me semble que le mot époque est redondant. Pourquoi pas simplement" Vie victorienne" ? Ou bien "Vie dans l’Angleterre victorienne" ?

— Ce n’est pas moi qui ai choisi le titre.

— Vraiment ? C’est curieux. J’étais sûr que c’était vous.



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