Les enfants du fleuve by Keyes Greg

Auteur:Keyes Greg
La langue: fra
Format: epub
Tags: collection Rendez-vous ailleurs n° 73 - Cycle : Les Élus du Changelin voume 1
ISBN: 978-2-265-08316-5
Éditeur: FLEUVE NOIR
Publié: 2009-11-13T16:00:00+00:00

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Passé midi, le ciel commença à s’assombrir. Un cumulus s’était formé au-dessus de la montagne et un vent froid et humide se mit à souffler, faisant plier les arbres. Les feuilles agitaient leurs ventres pâles dans la brise et Perkar eut l’impression qu’il s’agissait en réalité de milliers de papillons de nuit blancs accrochés à des branches mortes. Des corbeaux fendirent l’air au-dessus d’eux, croassant leurs chants sinistres, messagers d’ébène de la tempête qui s’annonçait.

— La chasse a commencé, annonça Ngangata, l’air sombre. Et nous avons encore une grande distance à parcourir.

Ils redoublèrent de vitesse, et Perkar fut une nouvelle fois surpris par ce que Mang était prêt à faire pour lui. Bien que tremblant de fatigue, l’animal accéléra jusqu’au grand galop, filant à une vitesse folle à la surface de la terre basse. Perkar tenta de calculer la distance qui les séparait du prochain groupe de collines. C’est à ce moment qu’il entendit les premiers hurlements, au loin. Des loups, en grand nombre, chantant leur faim.

Le tonnerre retentit dans les cieux, mais aux oreilles de Perkar, cela évoquait surtout le croassement d’un corbeau géant.

Le temps qu’ils atteignent les collines, les hurlements des loups s’étaient teintés d’une certaine exaltation, d’une anticipation féroce.

— Peut-être qu’on devrait s’arrêter, les attendre, cria Perkar à Ngangata. Après tout, nous avons les épées divines.

— C’est la meute du Seigneur de la Forêt, lui rétorqua Ngangata. Il peut faire appel à tous les dieux et toutes les bêtes sur ces terres. Tu ne pourrais tous les tuer, Perkar. Cela ne ferait que leur offrir un peu plus de sport.

— Mais ils vont nous rattraper de toute façon !

— De l’autre côté de ces collines se trouve le bassin où coule le Changelin. Nous devons traverser ses collines.

Perkar serra les dents. Eruka était pâle, effrayé. Apad… Apad avait l’air sinistre.

Ils passèrent un ruisseau à gué et s’arrêtèrent juste assez pour que les chevaux s’humectent les babines. Ngangata tendit la main vers un paquet sur sa selle. Il sortit son arc et en enfila la corde. Atti fit de même. Perkar les regarda faire. Bien sûr, il pouvait préparer son arc, lui aussi, mais s’il tentait de tirer à dos de cheval, il était certain de chuter.

Ngangata tira également l’épée qu’il avait confisquée à Apad. Il la contempla d’un air maussade.

— Apad, lança-t-il avant de lancer l’arme dans son fourreau au jeune homme.

Apad l’attrapa et hocha la tête en signe de remerciement.

— Piraku tout autour de toi, Ngangata, dit-il doucement.

Ngangata lui rendit son signe de tête.

— Ne laissez pas les chevaux se remplir la panse, leur dit-il à tous. Ils ne seraient plus capables de courir.

Mang trébucha à de nombreuses reprises lors de leur ascension précipitée de la pente escarpée. À un moment, ses deux jambes avant cédèrent et il faillit rouler sur Perkar en tentant de se relever. Perkar mit pied à terre et entreprit de courir en tirant la bête tremblante par les rênes. Ralenti, il se retrouva en compagnie des Alwat, qui commençaient à prendre du retard.

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