Les Douze Rois de Sharakhaï by Bradley P.Beaulieu

Les Douze Rois de Sharakhaï by Bradley P.Beaulieu

Auteur:Bradley P.Beaulieu [Bradley P.Beaulieu]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
Éditeur: Bragelonne
Publié: 2016-08-16T22:00:00+00:00


Chapitre 32

Çeda ouvrit les yeux et vit le plafond en pierre au-dessus de sa tête. Une lampe accrochée à un piquet en fer produisait une faible lumière. Cinq autres étaient posées à côté, mais elles étaient éteintes. Un curieux mélange d’odeurs flottait dans l’air froid et humide. Antiseptique et relents de pourriture. De l’eau tombait goutte à goutte dans un coin de la pièce. Les murs de pierre étaient couverts de moisissures noires.

La tête de la jeune fille roula sur le côté. Elle était allongée sur une table en bois étroite. Ses bras attachés en croix sur des planches transversales. Ses jambes étaient ligotées. Elle était si faible qu’elle ne pouvait même pas redresser la tête. Son bras droit était bandé. Elle essaya de le bouger et une violente douleur lui coupa le souffle. Tandis que les élancements s’espaçaient avec lenteur, Çeda aperçut deux lanières le long de son bras gauche. La première était à hauteur du biceps, la deuxième au niveau du coude, mais elles n’étaient pas serrées. Seul le poignet était entravé.

La jeune fille attendit de retrouver un peu de force, puis elle bougea le bras gauche d’avant en arrière. Au bout d’un moment, elle réussit à libérer son poignet. Son bras droit, en revanche, était immobilisé par les trois lanières, mais elle parvint à défaire la plus proche avec sa main gauche.

Elle remarqua alors les outils posés sur une table appuyée contre un mur. Des couteaux et des scies étincelantes, des pinces, des tenailles et des ustensiles bizarres munis de crochets – à quoi pouvaient-ils bien servir ? Une étagère garnie de fioles bleues, de bouts de tissu brun et de récipients en étain surplombait la panoplie d’instruments de chirurgien. La panique envahit la jeune fille lorsqu’elle se rappela ce qui s’était passé. Elle s’était piquée avec une épine d’adichara et était venue demander l’aide de Dardzada. Et elle se réveillait dans ce cachot humide.

L’apothicaire avait l’intention de lui couper le bras.

Il ne voulait pas courir le risque de la conduire chez les Vierges. Ou bien il n’avait pas réussi à contacter sa mystérieuse alliée. Peut-être était-elle morte. Peut-être avait-elle refusé de l’aider. Quoi qu’il en soit, l’apothicaire n’avait pas eu le cœur d’abandonner Çeda à son sort. Il l’avait emmenée dans cet… endroit et allait lui trancher le bras pour empêcher la propagation du poison.

Non, non, non.

Dardzada ne ferait pas une chose pareille. Pas à moi.

Elle ne réussit pas à s’en convaincre. L’apothicaire s’était occupé d’elle quand elle était enfant, certes, mais ce souvenir ne la rassurait guère. Il ne la rassurait même pas du tout. Dardzada allait bel et bien lui couper le bras. Après tout, c’était un homme pragmatique, et compte tenu de la situation, l’amputation était la solution la plus logique.

Les doigts tremblants, la jeune fille s’attaqua aux deux lanières restantes. Elle procéda d’abord avec patience et minutie, puis elle paniqua et ses mouvements devinrent frénétiques et maladroits. Elle devait se détacher et s’enfuir avant le retour de l’apothicaire.

Quand elle toucha le lien



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