Les disparus du royaume de Faërie by Wooding Chris

Auteur:Wooding, Chris [Wooding, Chris]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy, Young Adult, Adventure, Jeunesse
ISBN: 9782070559442
Google: JAcXBAAACAAJ
Goodreads: 8088508
Éditeur: Gallimard jeunesse
Publié: 2002-12-31T23:00:00+00:00

De toutes les situations dans lesquelles Bram aurait pu penser se retrouver, jamais il n’aurait pu s’imaginer aplati contre une paroi rocheuse du Royaume des Araignées, bras et jambes écartés, avec seulement le vide entre lui et une mort atroce au milieu des arbres tout en bas. Il bougonnait et jurait à voix basse en tiraillant les poils blancs de sa moustache, mais il n’en continuait pas moins son escalade, coinçant le bout de sa botte dans une fissure, glissant ses doigts gantés dans un repli de la roche jusqu’à, finalement, poser solidement le pied sur une saillie, et là, devant lui, il aperçut le fil de la toile.

Par un heureux hasard, l’une des énormes vrilles de soie blanche partait de la paroi non loin de l’endroit où Poison et les autres avaient pénétré dans le Royaume. Poison leur avait exposé son plan dans les grandes lignes, seulement il dépendait de plusieurs facteurs sur lesquels ils n’avaient aucune certitude. D’une part, à quel point la toile se révélerait poisseuse ; d’autre part, sa solidité. Sans oublier un troisième élément : qui se montrerait le plus patient, l’araignée ou les moucherons qui cherchaient à lui échapper ?

Dès le début Bram avait désapprouvé toute cette affaire avec force, mais il s’était tout de même porté volontaire.

— Je suis l’alpiniste le plus fort d’entre nous, avait-il déclaré. En outre, plus tôt je t’aurai prouvé que ça ne marchera pas, mieux cela vaudra.

La saillie, assez large pour que Bram puisse récupérer un peu, se trouvait suffisamment près du fil pour qu’il puisse le toucher sans trop tendre le bras. Il reprit son souffle, puis baissa les yeux vers Poison et Poivrengrain qui suivaient sa progression.

— Touche la toile ! lui cria Poison. Doucement ! Il ne faudrait pas que tu attires l’araignée !

Bram pesta dans sa barbe. Que ferait-il sans Poison, n’est-ce pas ? Toutefois, s’il attirait l’araignée, il ne disposait d’aucune porte de sortie. S’il se rappelait bien un conte qu’un vieux ménestrel lui avait récité un jour, les cordes de mandoline ne vibraient jamais très bien à leur extrémité ; elles n’émettaient de notes que si on les pinçait en leur milieu. Il espérait que le même principe pourrait s’appliquer aux toiles d’araignée.

Timidement, il tendit la main et la posa sur la toile en songeant qu’au pire il perdrait un gant. La toile était épaisse et flexible, mais il sentait l’infinie solidité de sa construction. La glu suintait entre ses doigts. Il laissa sa main immobile pendant quelques instants, puis il essaya de la retirer. La glu résista, mais céda sans trop d’effort. Bram soupira de soulagement. La glu était bel et bien frêle, conçue sans doute pour attraper ces créatures aux ailes de phalène qui, en dépit de leur taille, demeuraient terriblement fragiles et possédaient peu de force physique. Il scruta la toile, mais ne vit aucun signe de l’araignée.

— Je pense qu’on peut grimper par-là, cria-t-il. Mais la progression sera lente.

Poison lui décocha un sourire triomphant.

— Maintenant, sers-toi de ton couteau !

Bram lui lança un regard irrité et obtempéra, cisaillant un peu un fil de la toile.

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