Les dessous de soie by Frédéric Somon

Les dessous de soie by Frédéric Somon

Auteur:Frédéric Somon [Somon, Frédéric]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Littérature française
Éditeur: M+ EDITIONS
Publié: 2022-06-22T21:00:00+00:00


Le temps était à la pluie sur Saint-Étienne et sa région, pas une précipitation violente mais plutôt un crachin continu et exaspérant qui, au fil des minutes, allait se renforcer. Le ciel totalement obscurci par des nuages gris foncé avait alerté les surveillants qui, prudemment, avaient trouvé refuge dans les miradors surplombant la cour de promenade. Craignant que cette humidité ne persiste durant des heures, Pierre-Antoine hésita à quitter sa cellule mais comme la promenade était obligatoire, il s’y résolut de mauvaise grâce. Depuis quelques jours, il se hasardait à traverser la cour en diagonale et à force, il en connaissait exactement la superficie. Il marchait en regardant le sol et en comptant ses pas, les yeux constamment baissés, il ne voulait croiser aucun regard. Il observait souvent les autres détenus qui tournaient constamment en rond et très étrangement toujours dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, comme si inconsciemment, ils voulaient remonter le temps pour modifier leur passé et le cours de leur vie. Tous savaient qu’il était médecin. Parfois, l’un d’entre eux lui montrait un petit bobo ou le sollicitait pour un traitement mais comment pouvait-il réagir autrement que de leur répondre simplement et gentiment ? Il veillait à ne jamais montrer de signes d’agacement et à être toujours disponible, c’était sa meilleure garantie de tranquillité. Il avait fini par creuser son trou, même s’il ne parlait à personne et ne recherchait aucune amitié. Il lui semblait être toléré par les autres qui le saluaient d’un hochement de tête ou d’un signe de la main. Malgré ces signes plutôt amicaux, il restait à l’écart, solitaire parmi les solitaires, même s’il se sentait de plus en plus asocial. Constamment sur la défensive, il fuyait les groupes qui le terrorisaient autant qu’au premier jour. Pierre-Antoine ne comptait plus les jours, ni les semaines mais seulement les visites au parloir de sa bien-aimée. Bientôt, il pourrait graver un deuxième trait sur le mur de sa cellule, à côté de la cuvette des toilettes.

La pluie redoubla de violence. D’ici quelques minutes, les surveillants siffleraient la fin de la promenade. Pierre-Antoine releva le col de son pardessus, enfonça la tête dans les épaules et s’essuya avec un mouchoir le visage puis les verres de ses lunettes. Il s’appuya contre le grillage, enfouit ses mains au plus profond des poches en regardant le ciel bas et lugubre qui se dévoilait dans les grandes flaques. Pour passer le temps, il poussa négligemment et du bout du pied, des petits cailloux dans les flaques. La journée allait une nouvelle fois être sans fin. Le moral bas, il regarda sans les voir la façade grise de la prison et les hauts murs d’enceinte contre lesquels la pluie ruisselait en mille coulées et où des gouttes scintillantes s’accrochaient en mille diamants aux lames tranchantes des barbelés. Soudain, il sursauta, surpris par un détenu qu’il n’avait pas vu venir.

– Salut toubib. Labès



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