Les dessous de la campagne présidentielle by Neumann

Les dessous de la campagne présidentielle by Neumann

Auteur:Neumann
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fayard
Publié: 2012-07-14T16:00:00+00:00


Chapitre 11

Malheur aux vaincus !

En tuer un pour en terrifier des milliers.

Sun Tzu

Vendredi 9 mars, deux jours avant le grand meeting du parc des expositions de Villepinte. Rendez-vous avec un sénateur UMP, sarkozyste de la première heure et néanmoins lucide sur la suite des événements :

« Dimanche, à Villepinte, ce sera grandiose. Il y aura au moins 50 000 personnes à Villepinte. Copé en annoncera 80 000 pour se faire mousser. Les images seront impressionnantes. La foule, la ferveur, les drapeaux tricolores… Sarko sera excellent, comme d’habitude dans ce genre d’occasion. Les médias applaudiront à cette mobilisation monstre, ça bougera un point dans les sondages, peut-être deux. Bref, ça entretiendra l’illusion. Mais chacun sait que Nicolas Sarkozy a déjà perdu. Il ne peut pas se débarrasser de son bilan et il est incapable de faire oublier sa personnalité. Il est entré trop tard en campagne, il mène cette campagne de façon beaucoup plus isolée qu’en 2007, il n’est entouré que d’inspecteurs des finances et de gamins et, surtout, il a commis une erreur originelle : il a sous-estimé Hollande. Le pire, c’est qu’il continue de le sous-estimer. M’est avis qu’il le sous-estimera jusqu’au débat télévisé de l’entre-deux-tours. Après la défaite, je ne sais pas quand débutera la nuit des longs couteaux à l’UMP, à 20 h 01 le dimanche 6 mai ou plus tard, mais elle aura lieu, c’est une certitude, et elle sera sanglante ! »

Voilà à quoi pense un parlementaire UMP à la veille de ce grand rendez-vous militant. Il ne faiblira pas dans son soutien affiché au président, tout en sachant déjà que la bataille est perdue et que la suite, pour la droite, s’annonce violente. Surtout si la défaite de Nicolas Sarkozy est sans appel.

Un signe ne trompe pas : à moins de deux mois du verdict final, pas un membre de la majorité n’évoque, fût-ce en aparté, un éventuel futur gouvernement. Personne ne parie, comme c’est l’habitude dans ce genre de campagne, sur la liste des « ministrables » en cas de victoire de Nicolas Sarkozy. Encore moins sur le nom du prochain locataire de Matignon. Juppé ? Copé ? Bayrou ? « Cette fois, on laisse ce genre de sport à la gauche. Et, à gauche, des prétendants, il y en a ! », avoue un ministre UMP croisé dans les allées du parc des expositions de Villepinte quelques minutes avant l’entrée en scène de Nicolas Sarkozy.

François Hollande, lui, a formellement interdit à ses proches d’évoquer leurs ambitions personnelles. Il a même menacé ceux qui outrepasseraient cet ordre d’en tenir compte au moment de la distribution des prix. Certes, aucun d’entre eux ne fait officiellement connaître ses désirs futurs – sinon Ségolène Royal, qui lorgne publiquement sur le perchoir de l’Assemblée. Pourtant, chaque jour, la liste des « impétrants » socialistes s’allonge dans les médias. Et tant pis si cet appétit de pouvoir – compréhensible après dix années d’opposition – véhicule une image détestable. Le candidat socialiste s’est contenté de fixer quelques règles qui, loin d’atténuer leurs envies, ont aiguisé leur boulimie de postes.



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