Les Démons des cataractes by Vernes Henri

Les Démons des cataractes by Vernes Henri

Auteur:Vernes,Henri [Vernes,Henri]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Éditeur: AlexandriZ
Publié: 1957-09-18T22:00:00+00:00


Chapitre X

Le village des Pygmées Whutas était situé en pleine forêt, en un endroit où les troncs s’élevaient à des hauteurs vertigineuses, tels les piliers d’un prodigieux temple, sans qu’aucun sous-bois ne poussât entre eux.

À vrai dire, il ne s’agissait pas d’un village, mais d’une série de petites agglomérations peu distantes les unes des autres et abritant chacune une vingtaine de familles. Les huttes, basses et arrondies, étaient faites d’une armature de branchages recouverte de larges feuilles.

Tout d’abord, Van Horn n’avait consenti à suivre les petits hommes qu’avec beaucoup de réticence puis, devant leur attitude amicale et les remarques de Morane, il avait finalement adapté une attitude plus souple.

Pendant les premières journées passées chez les Pygmées, ceux-ci d’un côté, les membres de l’expédition de l’autre, étaient demeurés dans une bienveillante expectative. Puis, les Whutas se révélant des êtres doux et paisibles pourvu que l’on respectât leurs coutumes, des relations amicales s’étaient nouées. Nhaga, le chef de la tribu, avait expliqué que les Bambaras étaient leurs ennemis séculaires et que c’était pour cette raison qu’ils étaient venus au secours de l’expédition. Pendant que les Bambaras se préparaient pour l’ultime assaut, ils avaient profité de la nuit pour se glisser parmi eux et, sans être aperçus, se glisser dans les arbres d’où, comme on le sait, ils avaient pu cribler l’adversaire de leurs fléchettes empoisonnées.

Durant une dizaine de jours, Morane, Van Horn et leurs compagnons noirs étaient demeurés chez les Whutas, accompagnant ceux-ci à la chasse à l’éléphant et au gorille, leurs deux gibiers favoris. Pourtant, une préoccupation lancinante semblait torturer l’esprit de Van Horn. Un soir, il s’en ouvrit à Morane.

— Pourquoi ne proposerions-nous pas une alliance aux Whutas ? dit-il. Ceux-ci connaissent l’emplacement du village bambara. Avec leur aide, nous viendrions aisément à bout de nos ennemis et leur enlèverions à jamais l’envie de venir semer la terreur dans la plaine.

Cette proposition, on le devine, ne plaisait qu’à demi au Français, car il demeurait persuadé qu’il était possible de faire entendre raison pacifiquement aux Bambaras et, par conséquent, aux Démons des Cataractes.

— Ne croyez-vous pas que la défaite que les Bambaras viennent d’essuyer leur aura suffi ? demanda-t-il.

— Je ne le crois pas. Ce sont les Whutas qui les ont vaincus et non pas nous. Si nous abandonnons avant d’avoir montré notre force, les Jujurus continueront à tuer un peu partout.

— N’y aurait-il pas moyen de faire entendre raison aux Bambaras autrement que par la force ? interrogea encore Bob.

— Je me demande comment…

— Nous pourrions leur envoyer une délégation, qui leur proposerait une alliance, leur offrirait des cadeaux, que sais-je ?…

Pete Van Horn eut un sourire équivoque.

— Et cette délégation, qui la commanderait ? Vous sans doute ?…

— Pourquoi pas ? S’il le faut, je suis prêt à payer de ma personne…

Le planteur considéra son interlocuteur avec ironie.

— Votre pacifisme vous honore, dit-il, mais tenter de contacter les Bambaras, surtout dans l’état d’esprit où ils doivent se trouver actuellement, serait de la folie. Ils ont peur des Whutas et



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