LES CRISTAUX DE SIGEL ALPHA by J et D LE MAY

Auteur:J et D LE MAY [J et D LE MAY]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 2012-06-22T17:33:01+00:00

CHAPITRE VI

Ainsi voulait Garkas Manu

Le typhon décadaire respecta l'horaire immuable avec la ponctualité d'un omnibus transplanétaire. Les lueurs fulgurantes s'espacèrent du côté de l'ouest. Une ligne violette se dessina au ras de l'horizon. Puis la ligne devint barre lumineuse, envahissant peu à peu les écrans de veille. L'aube chassa la tornade et, en peu de temps, le ciel retrouva sa pureté absolue pour dix jours entiers.

Som bâilla et passa une main molle dans sa chevelure en désordre. Puis il se tourna vers la couchette. La jeune fille dormait à poings fermés. Les taches plus claires des pommettes, plus sombres des orbites, les traces des longs cils noirs, la masse des cheveux dénoués, il observa l'ensemble en réfléchissant. Des années de travail et toute une construction délicatement mise au point allaient dépendre de ce qui allait se passer dans les prochaines heures.

Sans bruit, il se glissa vers les rousses, figées comme des blocs minéraux et fit un signe. Elles approchèrent leurs têtes monstrueuses de la sienne et leurs antennes pointèrent pour capter les sons familiers. Ce qu'il chuchota, Sheen, en admettant qu'elle eût été éveillée, n'aurait pu l'interpréter. Ni Grip ni Grate ne manifestèrent autrement que par des battements d'antennes qu'ils avaient compris la conduite à tenir pour le cas où les événements que le prospecteur venait d'évoquer surviendraient.

Il se releva et se bassina rapidement le visage à l'eau fraîche, poussant la coquetterie jusqu'à s'enduire de pâte épilatoire, ce qui fit glousser Grate au point qu'il dut lui intimer l'ordre de se taire par une mimique appropriée. Quand essuyé et imberbe il se regarda dans le miroir, il ne vit que ses yeux cernés et grogna. Il était temps d'ouvrir le sas et de laisser l'air pur entrer dans la salle avec la lumière de Lourga. Il vérifia tout d'abord si la fermeture de ses coffres était bien hermétique, les verrouilla puis ouvrit les deux portes du sas. La lueur du jour levant l'éblouit et il resta un instant à se frotter les yeux, regardant ensuite la nappe d'eau enserrant les exhumescences des abris alignés.

Il rentra et se dirigea vers la couchette. Sheen n'avait pas esquissé le moindre mouvement. Il l'appela à mi-voix, plus fort et, enfin de guerre lasse, la secoua vigoureusement, parvenant enfin à obtenir un grognement inarticulé, suivi d'un gémissement avant qu'elle n'ouvrît les yeux, la bouche et ne le couvrît d'insultes.

— On voit que vous vivez avec vos... rousses. Vous pourriez y aller un peu plus doucement ! J'ai cru qu'il y avait un tremblement de terre ou je ne sais quoi ! La galanterie ne vous étouffe pas. Vous êtes drôlement pressé de me voir filer !

— Dites..., vous avez fini ? demanda-t-il froidement. Vous avez une toute petite chance de retrouver les vôtres si nous filons d'ici à avant dix minutes. Les lavabos sont par-là, grouillez-vous, gronda-t-il en montrant du doigt la coursive ouverte.

Elle sauta de la couchette, rouge comme s'il l'avait giflée et courut à la porte sans répliquer. Som fit un signe aux

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