Les Communards by Michel WINOCK Jean-Pierre AZEMA & Michel Winock

Les Communards by Michel WINOCK Jean-Pierre AZEMA & Michel Winock

Auteur:Michel WINOCK, Jean-Pierre AZEMA & Michel Winock
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Editions Thierry Marchaisse
Publié: 2015-09-03T13:38:35+00:00


Un Procès-verbal de séance de la Commune

C’est là que s’illustrait Félix Pyat, le « mauvais génie de la Commune », selon le mot de Benoît Malon. Avocat, homme de théâtre, journaliste enfin, il était depuis toujours républicain, et totalisait de nombreuses condamnations. Mais ses rancunes personnelles, le goût excessif du pastiche révolutionnaire, qui cachait sous les mots forts un caractère timoré, font de lui le type du pseudo-révolutionnaire, qui entrava l’action de la Commune.

Les communards eux-mêmes ont eu la dent dure pour leurs insuffisances. Entre cent déclarations du même tonneau, qu’il suffise de celle-ci, d’Ostyn : « J’ai 48 ans, je n’ai jamais fait partie d’une assemblée populaire. Je sors de la classe ouvrière, je ne connais pas les ruses de la politique ; je vois ici des choses qui m’étonnent, je croyais trouver dans cette assemblée quelque chose de plus digne. »

Par-dessus tout, la Commune fut menacée du schisme, tant le dissentiment s’aggravait entre les avocats de l’autorité et les défenseurs de la liberté. Première pierre d’achoppement : la publicité des débats. Selon les plus nombreux, la Commune, considérée comme un conseil de guerre, ne devait pas laisser filtrer de renseignements ; selon ceux qui allaient former la minorité, il fallait au contraire rendre compte des débats, tout en admettant le secret pour les questions militaires. On aboutit à un modus vivendi. Autre sujet de controverse, renouvelé : l’action de la commission de Sûreté générale et de son délégué Rigault, partisan de la Terreur. La minorité protestait contre l’arbitraire des arrestations, s’opposait à tous les procédés expéditifs. La Commune décida finalement d’envoyer une commission visiter les prisons, et mit en demeure la Sûreté de faire connaître dans les vingt-quatre heures les arrestations et les perquisitions qui avaient eu lieu. Autre occasion d’accrochage : la liberté de la presse, que la minorité voulait pour tous, alors que la majorité décida d’interdire les journaux les plus réactionnaires (dangereux, de surcroît, par les renseignements d’ordre militaire qu’ils donnaient à Versailles). Plus profondément, les minoritaires reprochaient aux majoritaires de négliger les questions sociales. « Nous ne devons pas oublier, déclarait Frankel, que la Révolution du 18 mars a été faite par la classe ouvrière ; si nous ne faisons rien pour cette classe, je ne vois pas la raison d’être de la Commune » ; à quoi répondaient ces paroles du blanquiste Tridon : « Quand il se présente ici une question virile, c’est à qui l’enterrera, c’est à qui l’enverra à la Commission exécutive, qui la renverra à la Commission militaire. Mais quand il se présente de petites questions socialistes, philosophiques, on les discute pendant des heures entières. »

Ces tiraillements expliquent les difficultés d’un manifeste, qui ne paraît que le 19 avril, sous la forme d’une « Déclaration au peuple français », bien incomplète et bien confuse. Mises à part « la reconnaissance et la consolidation de la République », programme commun, et « la fin du vieux monde gouvernemental et clérical, du militarisme, du fonctionnarisme, de l’exploitation, de l’agiotage, des monopoles,



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