[Les chroniques de l'Ère du Verseau-5] La vingt-sixième réincarnation by Adam Saint-Moore

Auteur:Adam,Saint-Moore [Adam,Saint-Moore]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science Fiction
Éditeur: Fleuve Noir Anticipation
Publié: 2013-10-15T11:05:42+00:00

CHAPITRE VIII

Le petit homme devint extrêmement pâle. Il roula des yeux effrayés, pendant que la lame aiguë lui entamait la peau.

— Un seul cri, dit posément Blinska, et tu es mort !

Elle repoussa le Frère Duran dans sa cellule, et Kelly referma la porte. Duran transpirait abondamment. Il ne parvenait pas à articuler un mot. Finalement, il fit un terrible effort et parvint à desserrer ses lèvres sèches.

— Tu es folle ! coassa-t-il. Si tu me tues, tu seras mise à mort dans les supplices.

— Je ne te tuerai que si tu fais l’idiot ! coupa Blinska, ou si tu te prends pour un héros. Pour le moment, reste tranquille et n’ouvre pas la bouche. Toi, Nhal, tiens-le en respect, et qu’il ne bronche pas !

La petite blonde empoigna le Frère Duran par la barbe, d’une main musclée, et piqua sa lame à l’emplacement exact de la veine jugulaire.

— Un soupir de trop, gros pourceau, et je te saigne, dit-elle.

Épouvanté par la férocité de la voix et du regard de la petite tueuse des abattoirs, le Frère s’immobilisa, le cou tendu. Blinska se mit à fouiller dans la cellule. Elle trouva bientôt ce qu’elle cherchait : son radiant dans son étui, et une petite arbalète à corde d’acier, avec un carquois plein de carreaux. Elle ceignit son ceinturon avec satisfaction. Le poids familier du radiant la rassura.

— Tu sais te servir de ça ? demanda-t-elle à Yriam, en lui montrant l’arbalète.

— Un peu…

— Moi je sais, dit Kelly. J’ai appris dans la Ferme d’État où je travaillais.

— Alors, prends-la, et planque-la sous ta robe, dit Blinska. Ça pourra être utile.

Elle revint vers le petit homme plus roide qu’une statue, avec la pointe du couteau à désosser qui lui piquait les replis de son cou grassouillet. Elle se planta devant lui et le fixa de ses yeux gris, aussi dépourvus d’humanité que ceux d’un chat-tigre. Le Frère Duran, qui transpirait déjà de peur, se liquéfia positivement sous ce regard glacé. Blinska fit durer cette épreuve. À la SEGOR, lors des cours d’interrogatoire, on leur apprenait à user de cette tension psychologique.

— Écoute-moi bien, Frère Tiers, dit lentement Blinska. Nous trois, ici présentes, nous n’avons qu’une envie : te découper en petits morceaux avec ces couteaux de boucherie.

— En commençant par ton sexe immonde ! ajouta la petite Yriam.

Le petit homme frissonna, mais ne dit rien.

— Donc, offre-nous la moindre occasion de le faire, et nous te saignerons comme un goret. Tu as compris ?

— Oui, râla le Frère.

— Bien ! dit Blinska, de la même voix posée. Tu n’as donc qu’un moyen de sauver ta peau, c’est de faire exactement ce que je vais te dire de faire. Tu me suis ?

— Oui, coassa le Frère.

— Parfait ! Tu vas me conduire, comme il l’a ordonné, chez le Seigneur d’En Haut. Tu marcheras devant, et nous te suivrons. Si tu fais le moindre geste pour donner l’alerte, je t’enverrai une décharge de mon radiant exactement là…

Elle appuya le canon du radiant contre la nuque du petit homme, qui ferma les yeux.

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