[Les chroniques d'alvin le faiseur 3] l'apprenti by Orson Scott Card

[Les chroniques d'alvin le faiseur 3] l'apprenti by Orson Scott Card

Auteur:Orson Scott Card [Card, Orson Scott]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
ISBN: 2070415767
Publié: 1989-04-05T09:07:58+00:00


*

À quelques jours de là, Alvin donnait un coup de main aux hommes qui posaient le nouveau plancher de la resserre. Horace le prit à part et lui demanda pourquoi il n’était pas passé chercher ses quatre piastres.

Alvin ne pouvait guère lui dire la vérité, qu’il ne prenait jamais d’argent pour le travail qu’il effectuait comme Faiseur. « Appelons ça ma part au salaire de l’institutrice, dit-il.

— T’as pas d’bien pour payer une taxe, fit Horace, pas plus que de drôles qu’iront dans cette école.

— Alors disons que j’vous paye pour le bout d’terrain ousque dort le corps de mon frère, plus haut derrière l’auberge », dit Alvin.

Horace hocha la tête, l’air grave. « C’te dette, au cas où y aurait dette, a toute été remboursée par l’ouvrage que ton père et tes frères ont fait pour moi, dix-sept ans passés, jeune Alvin, mais j’respecte ton désir de payer ta part. Pour c’te fois, j’considère que tu l’as payée entièrement. Mais quand j’te demanderai un autre ouvrage, j’veux que tu soyes rétribué normalement, tu m’entends ?

— Oui, m’sieur, dit Alvin. Merci, m’sieur.

— Appelle-moi Horace, mon gars. Quand un homme fait m’appelle monsieur, j’me sens tout vieux. »

Ils reprirent alors leur tâche et ne parlèrent plus du travail d’Alvin dans la resserre. Mais quelque chose restait tout de même gravé dans l’esprit du jeune homme : ce qu’avait dit Horace lorsqu’Alvin avait offert son salaire comme participation à celui de l’institutrice. « T’as pas d’bien, ni de drôles qu’iront dans cette école. » Voilà, tout était là, exprimé en quelques mots. Alvin avait beau avoir atteint sa taille adulte, Horace avait beau le traiter en homme fait, il n’en était pas encore vraiment un, pas même à ses propres yeux. Parce qu’il n’avait pas de famille. Parce qu’il n’avait pas de bien. Tant qu’il n’aurait pas ça, il ne serait qu’un grand garçon un peu âgé. Rien qu’un enfant comme Arthur Stuart, seulement plus développé, avec de la barbe qui poussait quand il ne se rasait pas.

Et tout comme Arthur Stuart, il n’avait droit à rien dans l’école. Il était trop vieux. Elle n’était pas destinée aux gars dans son genre. Alors pourquoi attendait-il avec autant d’anxiété l’arrivée de la maîtresse ? Pourquoi songeait-il à elle avec un espoir aussi fou ? Elle ne venait pas dans le pays pour lui, et pourtant il savait qu’il avait accompli ce travail à la resserre pour elle, comme s’il voulait qu’elle lui doive quelque chose, ou pour la remercier par avance du service qu’il désirait si ardemment qu’elle lui rende.

Apprenez-moi, dit-il silencieusement. J’ai une tâche à mener dans ce monde, mais personne ne sait de quoi il s’agit et comment je peux l’accomplir. Apprenez-moi. C’est ce que j’attends de vous, madame, que vous m’aidiez à trouver le chemin vers le centre du monde, le centre de moi-même, le trône de Dieu ou le cœur du Défaiseur, où que gise le secret du Faiseur, afin que je puisse bâtir contre la neige de l’hiver ou allumer une lumière contre la tombée de la nuit.



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