Les Chaînes d'or by A.B. Daniel

Auteur:A.B. Daniel [Daniel, A.B.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Histoire
ISBN: 9782845630994
Éditeur: XO Editions
Publié: 2005-07-14T22:00:00+00:00

16

ÉMÈSE

Les chrétiens l’avaient allongée sur une couche étroite dans une petite pièce voûtée. On lui avait fait boire de l’eau fraîche sans lui poser de question. L’un d’eux avait seulement annoncé :

— Tu peux te reposer ici sans crainte. Le frère Simon viendra s’occuper de toi dès qu’il le pourra.

Depuis, elle attendait.

Les murs qui l’entouraient étaient décorés de fresques. En face d’elle, les images représentaient des scènes de guérison, des enfants formant une couronne autour des malades, main dans la main. Sur le côté, des hommes et des femmes, pareils à des oiseaux blancs et scintillants, s’envolaient dans le ciel. Sur le mur opposé, un homme immense et barbu, la tête ceinte d’un disque d’or et portant une brebis sur les épaules, faisait face.

Close par un rideau à demi tiré, la pièce ouvrait sur une autre, plus vaste, où Zénobie devina le bassin d’une piscine. Tout était d’une grande propreté, lumineux, les tissus et les objets luxueux. Si elle n’avait traversé les quartiers lépreux de la ville basse, elle se serait crue dans un palais. Une maison où il faisait bon goûter un repos silencieux, paisible.

La douleur refluait. Elle songea à se redresser. Elle ne pouvait accueillir Schawaad ainsi. Mais au premier mouvement, le souffle à nouveau lui manquant, elle comprit qu’elle n’aurait pas la force de se lever.

Elle perçut le bruit d’une porte, un frottement de sandale. Elle sut qu’il arrivait.

* * *

Il avait à nouveau dissimulé son visage. Il s’approcha, s’immobilisa à quelques pas de sa couche. Elle se redressa autant qu’elle le put.

— Schawaad…

La main levée, il l’interrompit aussitôt.

— Mon nom est Simon. Simon, esclave du Seigneur Christ. Si tu veux t’adresser à moi, n’utilise aucun autre nom.

Elle se tut. Il approuva d’un petit signe qui agita son voile.

— Il m’avait bien semblé te reconnaître.

Elle crut deviner de l’amusement ou de l’ironie dans sa voix. Il lui était difficile d’en être certaine. Le peu qu’elle discernait de son visage demeurait sans expression.

Elle se laissa retomber sur le dos, le souffle court.

— On a voulu me faire croire que tu étais mort, murmura-t-elle.

Il ignora ses mots, s’approcha et remarqua :

— Ainsi, ton ventre n’est plus gros ? Aurais-tu déjà enfanté ?

À nouveau, elle ne sut s’il se moquait.

— Je n’étais pas enceinte quand tu m’as vue avec le Très Illustre. J’ai tenu ma promesse. Nul homme ne m’a touchée, pas même mon époux.

— Ainsi tu mens à ceux qui t’entourent ? Au peuple de la reine Zénobie ?

Il secoua la tête. Le coin de sa bouche épargné par le feu s’abaissa dans une moue terrible.

— Toi et ton époux ne savez vivre que dans le mensonge. Comme les Romains.

Elle aurait dû protester. N’était-il pas le seul qui pouvait comprendre ? Qui connaissait l’origine du mensonge ? Pourtant elle se tut. Elle ferma les paupières, devinant que le rouge de la honte lui couvrait le visage.

La voix de Schawaad-Simon se fit plus aigre.

— Alors, si ce n’est pas ton enfantement qui te fait souffrir, c’est donc ta blessure ?

—

Télécharger

Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.