Les Aveux by John Wainwright

Les Aveux by John Wainwright

Auteur:John Wainwright [Wainwright, John]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Sonatine
Publié: 2020-11-12T09:13:36+00:00


VI

L’inspecteur-­chef appuya sur l’interrupteur et les néons se mirent à grésiller et à clignoter avant d’inonder la pièce d’une éclatante lumière bleutée. C’était l’éclairage le plus judicieux qui soit, au sens où la salle d’interrogatoire reflétait l’état d’esprit de l’inspecteur-­chef : rien ne serait laissé dans l’ombre.

L’inspecteur-­chef revint à sa chaise puis demanda :

« Qu’est-ce qu’il y avait dans votre bureau ?

– Je vous l’ai déjà dit. Un bureau. Deux chaises…

– Qu’est-ce qu’il y avait que votre femme ne devait pas voir ?

– Rien, dit l’homme en écarquillant les yeux de surprise. Je voulais préserver mon intimité, c’est tout.

– Et pourquoi pas un verrou ? suggéra mine de rien l’inspecteur-­chef. C’est beaucoup moins cher qu’une serrure Chubb.

– Eh bien, quand je n’étais pas là…, entreprit d’expliquer l’homme. Voyez-vous, je ne voulais pas qu’elle fouine quand j’étais à la pharmacie.

– Donc, ça concernait autre chose que l’intimité ?

– Quoi ?

– Quand vous n’étiez pas là – quand vous étiez au boulot – il ne pouvait pas y avoir de problème d’intimité. Puisque vous n’étiez pas dans votre bureau. L’intimité n’entrait sûrement pas en jeu ?

– Elle… elle regardait dans mes affaires.

– Quelles affaires ?

– Mes papiers, mes livres, ma collection de timbres. Tout.

– Vous ne vouliez même pas qu’elle regarde ? remarqua l’inspecteur-­chef en haussant un sourcil.

– Je suis… je suis un homme qui tient beaucoup à son intimité. Désolé si cela vous semble bizarre, mais…

– Vous étiez aussi un homme marié.

– Oui, répondit-il d’un mouvement de tête, tout en cherchant à deviner où voulait bien en venir l’inspecteur-­chef.

– “Les époux doivent partager à parts égales…” et patin-couffin.

– Nous n’avions pas grand-chose en commun.

– Bien au contraire, rétorqua l’inspecteur-­chef tout sourire. Vous vous ressembliez beaucoup.

– Vous… vous ne la connaissiez même pas, protesta l’homme en dévisageant son interlocuteur.

– C’était l’avis de votre père.

– Quoi ?

– Avant votre mariage… vous vous souvenez ? Cette remarque sur le fait que vous étiez trop semblables l’un à l’autre. Vous étiez d’accord… n’est-ce pas ? »

L’homme se renfrogna.

« N’est-ce pas ? insista l’inspecteur-­chef.

– Par certains côtés », admit l’autre à contrecœur.

L’inspecteur-­chef tira son paquet de cigarettes de sa poche. Il l’ouvrit et pour la première fois en proposa une à l’homme.

« Je ne fume pas, dit celui-ci.

– Moi si, commenta l’inspecteur-­chef en se collant une cigarette à la bouche. Je revendique le droit de me tuer.

– Et les autres ? Ceux qui ne fument pas mais qui sont obligés de respirer votre fumée ?

– Et c’est un empoisonneur qui dit ça ? »

L’inspecteur-­chef craqua une allumette et porta la flamme à sa cigarette. Il poursuivit :

« Parlons de musique. Vous aimez la musique ?

– Je vous l’ai déjà dit.

– Celle que vous appelez de la “bonne” musique ?

– La musique classique. La vraie musique.

– Mais votre femme n’avait pas les mêmes goûts ?

– Je ne me fais pas d’illusions sur ses préférences dans le domaine ; les mélodies sirupeuses sortant du kiosque à musique sur la jetée.

– Pas Mozart, par exemple ? »

L’homme eut un sourire condescendant en guise de réponse.



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