Les asticots ne sont pas des anges by Brown Fredric

Les asticots ne sont pas des anges by Brown Fredric

Auteur:Brown, Fredric
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Fantastique, Nouvelles
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1994-08-15T00:00:00+00:00


LES ASTICOTS NE SONT

PAS DES ANGES

CHAPITRE PREMIER

Charlie Wills coupa la sonnerie du réveil, balança ses jambes hors du lit, chaussa ses pantoufles et prit sur la table de chevet une cigarette qu’il alluma. Cela fait, il s’accorda un moment de répit, assis au bord du lit.

Il avait bien le temps d’en griller une, histoire de se réveiller. Il disposait d’un quart d’heure avant que Pete Johnson ne passe le prendre pour leur partie de pêche. Quand il aurait terminé sa cigarette, il lui resterait douze minutes pour se laver le museau et enfiler ses vieilles nippes : c’était amplement suffisant.

Ça pouvait paraître idiot de se lever à cinq heures du matin, mais il se sentait dans une forme éblouissante. Incroyable ! Le soleil n’était pas encore levé, le ciel était maussade, et pourtant il avait le moral au beau fixe. Car il n’avait plus qu’une semaine et demie à attendre.

Même pas une semaine et demie, en fait, puisqu’il restait dix jours. Non : un peu plus de dix jours, compte tenu de l’heure matinale. Mais bref, mettons dix jours. Ah, si seulement il avait pu se rendormir ! Ainsi, à son réveil, il aurait été encore plus près de la date du mariage. C’est chouette de dormir quand on vit dans l’attente d’un pareil événement : le temps poursuit son vol sans même qu’on l’entende battre des ailes.

Malheureusement, il ne pouvait pas se rendormir car il avait promis à Pete d’être prêt à cinq heures et quart. S’il n’était pas exact au rendez-vous, Pete klaxonnerait et réveillerait tout le quartier.

Les trois minutes de grâce écoulées, Charlie écrasa sa cigarette et tendit le bras vers les vêtements pliés sur la chaise, tout en fredonnant : « Je vais épouser Yum-Yum, Yum-Yum » – un air extrait du Mikado.

Pour ne pas se mettre en retard, il évita de regarder la photo de Jane qui trônait sur le secrétaire, dans un cadre en argent.

Pas à dire, il était le type le plus veinard de la terre. De la terre et du ciel, à supposer que le ciel fût habité.

Ah ! Jane Pemberton… l’exquise Jane Pemberton, avec ses cheveux châtains légèrement ondulés, doux comme de la soie – mais encore plus beaux –, avec son mignon petit nez impertinemment retroussé, avec ses longues jambes gracieuses et bronzées, avec… avec tout ce qu’une jeune fille pouvait avoir, saperlipopette, et même bien davantage. Et en plus – ô miracle ! – elle l’aimait ! C’était là une découverte tellement récente qu’il en était encore un peu hébété.

Encore dix jours d’hébétude, et puis…

Jetant un coup d’œil sur le réveil, il se leva d’un bond. Cinq heures dix ! Et lui il était là, béat, sa première chaussette à la main… Il acheva précipitamment de s’habiller. Juste à temps ! Il était pile cinq heures et quart – à quelques secondes près – lorsqu’il enfila son blouson de cuir, saisit son attirail de pêcheur et descendit l’escalier sur la pointe des pieds pour sortir dans la fraîcheur de l’aube.

La voiture de Pete n’était pas encore là.

Parfait. Ça lui laissait le temps de déterrer quelques asticots ; ce serait toujours ça de fait.



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