Les Années plastique by André-Joseph Dubois

Les Années plastique by André-Joseph Dubois

Auteur:André-Joseph Dubois
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Weyrich
Publié: 2014-11-15T00:00:00+00:00


Le jour où Frédéric et elle couchèrent ensemble pour la première fois, trois mois plus tard, dans un petit hôtel du quartier de Fragnée, Hélène fut prise de vomissements en rentrant chez elle. Après quelque temps, ces malaises s’atténuèrent et en fin de compte ils disparurent tout à fait.

Deux jours après la scène du Régina, Hélène se trouvait dans le passage Lemonnier à la recherche de vêtements pour Didier. Elle ne pensait pas à Frédéric. Elle devait pourtant savoir qu’elle avait toutes les chances de le rencontrer là, au centre, dans un des lieux les plus fréquentés de la ville. Peut-être poussait-elle le buggy de Didier comme une sauvegarde.

Elle était devant une vitrine quand le reflet de Frédéric surgit à côté du sien. Frédéric, souriant, mis d’une façon un peu voyante, lui dit bonjour et engagea la conversation sur les vêtements de la vitrine. Des vêtements féminins parce que Hélène avait aussi besoin d’un manteau pour l’hiver. Le ton fut plus sage que celui de l’avant-veille, des propos banals sur les couleurs qu’on porterait cet automne. Puis il s’intéressa à Didier. Il se pencha pour lui caresser le menton avec une balourdise de célibataire et demanda s’il ne parlait pas encore. Ils éclatèrent de rire quand Hélène expliqua qu’un enfant ne prononce ses premiers mots que vers dixhuit mois et que la grande affaire de Didier était seulement d’apprendre à marcher. Évidemment, ce rire établit une complicité.

Plusieurs fois, des femmes qu’ils croisèrent regardèrent Frédéric. C’est à ce détail seulement qu’Hélène se rappela qu’il était beau.

Elle se dit aussi qu’ils pourraient rencontrer quelqu’un de sa connaissance. Elle prit peur brusquement. Ils sortaient du passage Lemonnier.

— Moi, je vais par là, dit-elle.

Il dut comprendre car il sourit, lui tendit la main.

Hélène était contente d’elle. Cette rencontre, qu’elle se reprochait maintenant d’avoir un peu souhaitée sinon provoquée, était restée irréprochable. Somme toute, il ne s’était rien dit de plus que si elle avait croisé un vieil ami de son père. Elle poussait donc très droit le buggy devant elle.

De sorte que, quand trois jours plus tard elle retrouva Frédéric au même endroit, elle s’abandonna sans remords à son plaisir. De toute évidence il la guettait et ne proposa aucun prétexte à sa présence. Hélène s’occupa de ses courses. Il lui ouvrait la porte des magasins et l’attendait sur le trottoir. Il l’aidait à soulever le buggy pour franchir les bordures. Ils parlaient de tout et de rien.

Ces promenades se reproduisirent trois ou quatre fois avant la fin de septembre. Hélène s’étonnait avec ravissement de la mesure de Frédéric. Elle se rappelait son insolence de leur première conversation et se persuadait qu’il avait renoncé à la séduire. Don Juan domestiqué en Saint-Preux : plus tard, elle se dit que ce fantasme devait être commun à beaucoup de femmes. Il était d’ailleurs exact qu’à ce moment Frédéric ne rêvait plus de coucher avec elle comme au premier jour : il voulait qu’elle l’aime, ce qui est fort différent. En fait, tous deux commençaient un premier trot d’entraînement sur la piste de la passion.



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