Les âmes de la forêt by Carol O'Connell

Auteur:Carol O'Connell [O'Connell, Carol]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller
Éditeur: Hachette France
Publié: 2010-09-06T22:00:00+00:00

19

Les derniers jours de Joshua Hobbs se dessinaient sur l’écran brillant d’un ordinateur. Ferris Monty laisserait à ses lecteurs le soin de réfléchir à la façon dont il avait rassemblé les pièces du puzzle. Il avait opéré à l’ancienne, en traquant un gamin. Ses qualités d’exhibitionniste l’avaient amené à faire étalage de ses découvertes sur les pages d’un livre.

Il avait amoureusement décrit le visage de Joshua, baigné de la lumière éclatante du soleil, un jour où il était accoudé à la rambarde de sécurité, en face de l’hôtel Straub.

« Même avec l’appareil photo qui pendait à son cou, Joshua se distinguait des touristes qui prenaient des photos les uns des autres sur fond de mer. Les poseurs changeaient. Pas les poses. Les sourires et les compositions étaient identiques. Ces amateurs amusèrent le gamin quelques instants. Puis il dirigea son imposant objectif vers l’hôtel. Evelyn Straub se trouvait sur la véranda. Elle ne faisait pas son âge – la quarantaine à l’époque. C’était bien plus qu’une jolie femme ordinaire. L’ancienne danseuse de cabaret évoluait enveloppée d’une personnalité en acier trempé, invulnérable – peut-être même inhumaine. »

Il ne mentionnerait pas qu’elle l’avait toujours intimidé.

« Les touristes considéraient Joshua comme un intrus parce qu’il regardait dans la mauvaise direction, lassé de la vision banale du ciel et de la mer. Quelques-uns s’approchèrent de l’adolescent, intéressés par la complexité de son appareil photo manuel, une merveille comparée à leur équipement basique. Lorsqu’ils interrogèrent l’expert, Joshua répondit gracieusement aux questions sur la vitesse d’obturation et le concept de F-stop, des données inutiles pour des gens équipés d’appareils automatiques. Cet enfant avait des manières exquises et une patience infinie. »

Si cette scène avait été illustrée de photos au lieu de mots, Ferris Monty aurait été repéré non loin de l’adolescent.

Dissimulé derrière des lunettes noires et le large bord d’un chapeau de paille, il était resté à faible distance de Joshua Hobbs. Il se rappela avoir tendu la main pour toucher ses cheveux, puis hésiter un instant, suspendant la main dans les airs, avant de la retirer précipitamment.

Quand le jeune photographe prit congé des touristes, il s’éloigna à pas rapides en scannant la rue qui se déroulait devant lui à travers l’objectif de son appareil photo. Suivait-il quelqu’un ce jour-là ? Ferris ne le saurait jamais, car sa surveillance s’était achevée quand le gamin s’était soudainement retourné pour prendre une photo de son traqueur.

Après le dîner. Hannah lui avait donné les clés de la voiture pour qu’il pût se rendre chez McCaully. À présent, il éclairait de ses feux les panneaux qui émaillaient la route.

On avait proposé aux habitants de Coventry de bénéficier de réverbères, mais ils avaient refusé ces commodités modernes, qui risqueraient de masquer la lumière des étoiles.

En y repensant, la ville avait également voté contre les tours de relais cellulaires, car qui voudrait avoir un téléphone constamment dans la poche ? Ces engins étaient déjà des parasites dans une maison.

Amen.

Oren ne regrettait pas les privilèges d’un monde qui se terminait là où la ville commençait.

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