Les Amants Maudits by May McGoldrick

Auteur:May McGoldrick [McGoldrick, May]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782290302842
Google: LLF7PAAACAAJ
Éditeur: J'ai lu
Publié: 1998-01-01T23:00:00+00:00

18

La salle à manger bourdonnait comme une ruche. Soldats, écuyers et domestiques avalaient le bol de porridge que Gibby avait préparé pour le petit déjeuner, accompagné de fromages et de tranches de lard fumé. En se dirigeant vers la table de maître, Gavin aperçut du coin de l'œil Allan, assis entre Edmund et Peter. Les deux compères riaient aux éclats, et à en juger par la figure crispée du majordome, ce dernier était la cible de leurs railleries.

La veille, il avait demandé à Joanna pourquoi elle ne s'était pas confiée au majordome. Parce que, avait-elle répliqué, Margaret, sa sœur cadette, participait aux messes de Mater. Dès lors, elle se méfiait... Et à juste titre ! avait pensé Gavin. Les épreuves l'avaient rendue suspicieuse...

Contre la volonté de son amant, Joanna était retournée ce matin dans sa caverne, sous le donjon. Il avait essayé de la persuader de rester : ils n'auraient qu'à verrouiller la porte de la chambre, afin que personne ne puisse entrer. Elle n'avait rien voulu entendre. Avant de s'évanouir dans l'ombre du passage secret, elle lui avait promis de revenir à la tombée de la nuit.

Des yeux, Gavin chercha le comte d'Athol, mais ne le vit nulle part. Une pointe d'inquiétude étreignit son cœur. Son invité était un familier des caves du manoir il pouvait être en train d'errer dans les sous-sols... Il regretta d'avoir laissé repartir Joanna. Si le comte tombait sur elle...

Il pivota sur ses talons, prêt à regagner sa chambre. Il pousserait le panneau, s'efforcerait de chercher Joanna dans le labyrinthe des couloirs et...

- À ce que je vois, vous vous êtes levé fort tard ! Gavin s'efforça de dissimuler son soulagement. L'homme qui l'avait salué n'était autre que le comte.

- Mais réflexion faite, enchaîna-t-il, ironique, vous paraissez aussi fatigué que si vous ne vous étiez pas couché. Étiez-vous par hasard en train de donner la chasse au portrait de Joanna MacInnes ?

- Pour un invité, vous semblez bien connaître tous mes faits et gestes, grommela Gavin.

Le comte eut un haussement d'épaules.

- Dame ! Il est très amusant qu'un homme de votre condition devienne enragé chaque fois qu'un serviteur déplace un tableau... On en parle dans les écuries, dans les cuisines... Vos gens ne savent plus s'il faut rire de vous ou vous craindre davantage.

- Voilà qui est très sage de leur part... Et quant à vous, mon cher, je me demande d'où vous tenez ces potins. Vous n'êtes pas du genre à susciter les confidences des filles de cuisine ou des garçons d'écurie.

Ignorant cette pique, John Stewart esquissa un sourire pincé.

- Vous n'avez pas encore arrêté le coupable, si je ne m'abuse ?

Gavin se tut un instant, méditant sa réponse, et observa son interlocuteur. Le comte pouvait parfaitement avoir commandité l'incendie qui avait tué sir Kenneth et sa femme. Il était un possible suspect, tout comme Mater et ses complices.

- Vous ne vous abusez pas, répliqua-t-il sèchement. Il faut dire que le voleur possède un gros avantage sur moi. Il circule comme chez lui dans les passages secrets du château.

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