Les Amants du Loch by Brown Debra Lee

Auteur:Brown, Debra Lee [Brown, Debra Lee]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romance
Publié: 2012-04-09T11:42:56+00:00

10

La cérémonie, heureusement, fut brève.

Conall se tenait épaule contre épaule avec ses hommes en un cercle silencieux autour du corps de John enveloppé d’un plaid. Le brouillard s’enroulait autour de leurs pieds et tournoyait au-dessus du cadavre du guerrier tel un linceul vivant. Les dernières notes douces-amères de l’adieu de Gerald montaient de la crête au-dessus du camp.

Ils pleuraient tous un homme, sauf Conall.

Il en avait envie, mais se retenait. Ses yeux secs le brûlaient. Il regarda Harry, Dougal et deux autres soldats soulever le corps de John et le porter vers la monture du joueur de tambour, qui attendait.

— C’est le moment, dit Rob en le poussant en avant.

Il n’était pas doué pour cela, au contraire de ses frères. Pour la première fois, des vies d’hommes dépendaient des décisions qu’il allait prendre, des décisions qu’il avait déjà prises.

Il ferma les yeux et des couleurs éclatantes lui apparurent. Il n’oublierait jamais la nuit précédente. Le ciel constellé d’étoiles, des planches rugueuses contre ses jambes nues, l’air froid empli de l’odeur de soufre qui brûlait, les lèvres douces et consentantes de Mairi. Au nom du Ciel, pourquoi avait-il autorisé les feux d’artifice ?

— Ils sont prêts, dit Rob, et Conall rouvrit les yeux sur la lumière morne de la matinée.

Harry était déjà en selle. Gerald sortit du brouillard, mit sa cornemuse dans une sacoche et enfourcha son cheval.

— Deux hommes de plus doivent aller avec vous jusqu’au camp de la forêt, leur dit Conall. Après, il n’y a plus qu’un jour et une nuit de chevauchée jusqu’à Monadhliath. C’est le territoire du Chattan. Vous ne risquerez rien. Dites à Gilchrist ce qui s’est passé.

Harry opina en silence. Les yeux de Gerald, rougis par les larmes, se fixèrent sur le corps de son ami. Conall appliqua une tape sur la croupe du cheval du joueur de cornemuse et le hongre détala.

— Dieu soit avec vous ! lança Conall derrière eux, tandis que le brouillard les engloutissait dans son manteau gris et froid.

— Viens, dit Rob. Nous avons du travail.

Ils regardèrent à travers les arbres ce qui restait de la maison de Dunbar.

— Oui, répondit-il, et il suivit Rob sur la colline.

Ce serait bon de transpirer, d’occuper ses mains et son esprit.

Ensemble, ils se mirent à ôter les débris de l’ancienne cuisine. Un par un, le reste du Chattan les rejoignit, ainsi que les Dunbar. Tous sauf Mairi.

— Ce n’est pas ta faute, tu sais, dit Rob tandis qu’ils soulevaient une poutre calcinée et la traînaient sur la plage. C’était un accident, pur et simple.

— Un accident que j’aurais pu éviter, si j’avais eu les idées claires.

Ils hissèrent la poutre sur un tas de débris qui serait réduit en cendres plus tard, sur la plage où cela ne craignait rien.

— Je n’avais pas trop les idées claires moi-même.

Conall n’avait pas envie d’en parler. Ils remontèrent vers la maison en silence, et il se jeta dans le travail qui restait à faire.

Kip dirigeait un groupe d’enfants qui s’affairaient à mettre les cendres et de petits débris dans des seaux.

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