L'empereur de toutes les maladies by Siddhartha Mukherjee

L'empereur de toutes les maladies by Siddhartha Mukherjee

Auteur:Siddhartha Mukherjee [Mukherjee, Siddhartha]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782081323414
Éditeur: Flammarion
Publié: 2016-05-23T04:00:00+00:00


« De plus en plus curieux »

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« Vous êtes très stressée, ma chère. Vous n’avez rien de mal. Nous vous donnerons un antidépresseur 698. »

Barry Marshall sur le traitement des femmes porteuses d’une gastrite, une lésion précancéreuse dans les années 1960

Le classement de la fumée de tabac comme puissant carcinogène et l’avalanche progressive de mesures pour réglementer la cigarette dans les années 1980 sont considérés à juste titre comme des victoires historiques dans la prévention du cancer. Mais cela souligne également une lacune importante dans l’épidémiologie du cancer. Les méthodes statistiques pour identifier les facteurs de risque du cancer sont, par leur nature même, descriptives plutôt que mécanistiques, elles décrivent des corrélations et non des causes. Elles reposent sur un certain degré de connaissances préalables. Pour lancer un essai classique « cas témoins » visant à identifier un facteur de risque inconnu, un épidémiologiste doit savoir paradoxalement quelles questions poser. Même Doll et Hill, en établissant leurs études classiques de cas témoins et de prospectives s’étaient appuyés sur des décennies de connaissances passées, des siècles même, si l’on tient compte du pamphlet de John Hill, sur le lien possible entre tabac et cancer.

Cela ne diminue en rien la force incroyable de la méthode cas témoins. Au début des années 1970 par exemple, une série d’études a permis d’identifier le facteur de risque pour une forme rare et fatale de cancer de la plèvre appelée mésothéliome 699. Lorsque les « cas » de mésothéliome furent comparés aux « témoins », ce cancer s’est avéré très concentré sur certaines professions comme les installateurs de matériel d’isolation dans le bâtiment, les pompiers, les ouvriers des chantiers navals, les manipulateurs d’équipement de chauffage et les mineurs de chrysolite. Comme avec Pott et le cancer du scrotum, la réunion statistique d’une profession et d’une tumeur rares a rapidement indiqué l’agent causal de ce cancer, l’exposition à l’amiante. Les poursuites pour dommages et intérêts ainsi qu’une supervision fédérale ont suivi, entraînant une réduction de l’exposition courante à l’amiante qui, à son tour, a réduit le risque de mésothéliome.

En 1971, une autre étude identifia un carcinogène encore moins courant, une hormone synthétique appelée diéthylstilbestrol (DES) utilisée comme médicament 700. Dans les années 1950, le DES fut largement prescrit aux femmes enceintes pour éviter des accouchements prématurés (bien que ce fût d’un intérêt douteux pour cela). Une génération plus tard, lorsque l’on interrogea des femmes ayant un cancer du vagin et de l’utérus sur leur exposition aux œstrogènes, un fait particulier émergea : elles n’avaient pas été exposées elles-mêmes à un tel produit, mais leur mère si. Le carcinogène avait sauté une génération. Il avait causé des cancers non chez les femmes traitées au DES mais chez leurs filles exposées au produit in utero.

Mais que faire si le comportement ou l’exposition responsable du cancer sont complètement inconnus ? Si on n’avait pas su assez de choses sur l’histoire naturelle du mésothéliome, ou sur le lien entre œstrogène et cancer du vagin pour poser des questions aux



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