Le vicomte de Bragelonne - Tome 4 by Dumas Alexandre (Père)

Le vicomte de Bragelonne - Tome 4 by Dumas Alexandre (Père)

Auteur:Dumas, Alexandre (Père) [Dumas, Alexandre (Père)]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française
Éditeur: benhenda89 - FRBoarD
Publié: 2011-01-13T23:00:00+00:00


Chapitre CCXXXII – Les derniers adieux

Raoul poussa un cri de joie et serra tendrement Porthos dans ses bras. Aramis et Athos s’embrassèrent en vieillards. Cet embrassement même était une question pour Aramis, qui, aussitôt :

– Ami, dit-il, nous ne sommes pas pour longtemps avec vous.

– Ah ! fit le comte.

– Le temps, interrompit Porthos de vous conter mon bonheur.

– Ah ! fit Raoul.

Athos regarda silencieusement Aramis, dont déjà l’air sombre lui avait paru bien peu en harmonie avec les bonnes nouvelles dont parlait Porthos.

– Quel est le bonheur qui vous arrive ? Voyons, demanda Raoul en souriant.

– Le roi me fait duc, dit avec mystère le bon Porthos, se penchant à l’oreille du jeune homme ; duc à brevet !

Mais les apartés de Porthos avaient toujours assez de vigueur pour être entendus de tout le monde ; ses murmures étaient au diapason d’un rugissement ordinaire.

Athos entendit et poussa une exclamation qui fit tressaillir Aramis.

Celui-ci prit le bras d’Athos, et, après avoir demandé à Porthos la permission de causer quelques moments à l’écart :

– Mon cher Athos, dit-il au comte, vous me voyez navré de douleur.

– De douleur ? s’écria le comte. Ah ! cher ami !

– Voici, en deux mots : j’ai fait, contre le roi, une conspiration ; cette conspiration a manqué, et, à l’heure qu’il est, on me cherche sans doute.

– On vous cherche !… une conspiration !… Eh ! mon ami, que me dites vous là ?

– Une triste vérité. Je suis tout bonnement perdu.

– Mais Porthos… ce titre de duc… qu’est-ce que tout cela ?

– Voilà le sujet de ma plus vive peine ; voilà le plus profond de ma blessure. J’ai, croyant à un succès infaillible, entraîné Porthos dans ma conjuration. Il y a donné, comme vous savez qu’il donne, de toutes ses forces, sans rien savoir, et, aujourd’hui, le voilà si bien compromis avec moi, qu’il est perdu comme moi.

– Mon Dieu !

Et Athos se retourna vers Porthos, qui leur sourit agréablement.

– Il faut vous faire tout comprendre. Écoutez-moi, continua Aramis.

Et il raconta l’histoire que nous connaissons.

Athos sentit plusieurs fois, durant le récit, son front se mouiller de sueur.

– C’est une grande idée, dit-il ; mais c’était une grande faute.

– Dont je suis puni, Athos.

– Aussi ne vous dirai-je pas ma pensée entière.

– Dites.

– C’est un crime.

– Capital, je le sais. Lèse-majesté !

– Porthos ! pauvre Porthos !

– Que voulez-vous que je fasse ? Le succès, je vous l’ai dit, était certain.

– M. Fouquet est un honnête homme.

– Et moi, je suis un sot, de l’avoir si mal jugé, fit Aramis. Oh ! la sagesse des hommes ! oh ! meule immense qui broie un monde, et qui, un jour, est arrêtée par le grain de sable qui tombe, on ne sait comment, dans ses rouages !

– Dites par un diamant, Aramis. Enfin, le mal est fait. Que comptez-vous devenir ?

– J’emmène Porthos. Jamais le roi ne voudra croire que le digne homme ait agi naïvement ; jamais il ne voudra croire que Porthos ait cru servir le roi en agissant comme il a fait.



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