Le vent de l'infini II by Fuyumi Ono

Le vent de l'infini II by Fuyumi Ono

Auteur:Fuyumi Ono [Ono, Fuyumi]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


3.

Koshô et sa bande avaient déménagé dans un lupanar au sud-ouest de Takuhô. Il n’avait de lupanar que le nom : en effet, il y avait peu de femmes au royaume de Kei et la plupart des prostituées étaient réunies dans un bordel plus chic à l’est de la ville. Dans celui-ci, elles n’étaient que trois, toutes amies de Koshô.

Sekki et Suzu donnaient un coup de main pour le ménage.

— Tu vois, expliqua un jour Sekki, les quatre points cardinaux déterminent le rang social des habitants. En gros, le sud correspond au quartier résidentiel. Le quartier commercial est installé sur le périphérique. Dans les quartiers intérieurs, ceux qui habitent à l’est ont un plus haut rang que ceux installés à l’ouest. Or, en principe, ça devrait être le contraire.

— Pourquoi ? demanda Suzu.

— Je ne sais pas. J’ai lu dans un vieux livre qu’à l’origine les bourgs étaient constitués de la façon suivante : au centre l’administration, au nord les riches, au sud les temples et les cimetières, et le reste de la population de part et d’autre, l’ouest étant plus prestigieux que l’est. Mais tout est chamboulé aujourd’hui.

— Oui, c’est comme ça dans toutes les villes que je connais, reconnut Suzu.

— Exactement. L’organisation ancienne ne subsiste que dans les royaumes qui ont le même souverain depuis très longtemps.

— Tu sembles beaucoup t’intéresser à ces choses, Sekki.

Il faisait la vaisselle.

— C’est dommage que tu aies arrêté tes études, remarqua Suzu.

— Oui. Mais les circonstances ne sont pas favorables à l’étude. Je ne peux pas me consacrer à la connaissance intellectuelle comme si de rien n’était. Si j’étais né ailleurs, dans un royaume en paix avec un roi excellent, ce serait sans doute différent. Mais tant pis, j’en ai pris mon parti !

— Oui… si nous étions nés à En ou à Sô… soupira la jeune fille.

Sekki eut un sourire désabusé.

— Rien ne sert de se lamenter sur son sort. L’essentiel est de vivre sans démériter de soi, quelles que soient les circonstances. Conserver sa dignité en toute occasion, voilà ce qui est important.

— C’est vrai que tu es intelligent ! Je comprends que Koshô ait des regrets concernant tes études.

— Pourtant, c’est moi qui me fais du souci pour lui. Il a tendance à prendre fait et cause pour les autres, alors même qu’il n’est pas vraiment concerné. Il s’implique trop à mon avis.

Suzu s’arrêta de travailler, étonnée.

— Tu n’es pas d’accord avec son action ?

— Si, bien sûr… Je suis avec lui, mais je m’inquiète. Il n’est pas du tout certain que les habitants de Takuhô le soutiennent. Koshô prend leur défense avec courage. Mais eux, ils sont tellement effrayés qu’ils préfèrent subir ce qui leur arrive. On dirait qu’ils ne détestent pas Shôkô autant que mon frère le hait.

— Je dois dire que je comprends aussi ce qu’ils ressentent… murmura Suzu.

Souffrir rend peureux. Et quand la souffrance est trop forte, trop générale, finalement on a peur de tout. Supporter sans rien dire donne l’impression de faire face à l’adversité.



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