Le Trone de Fer, L'Integrale - 2 by George R. R. Martin

Le Trone de Fer, L'Integrale - 2 by George R. R. Martin

Auteur:George R. R. Martin [Martin, George R. R.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: roman, Fantasy
ISBN: 9782290019443
Amazon: 2290019445
Éditeur: Pygmalion
Publié: 2012-09-11T22:00:00+00:00


CATELYN

Ils n’atteignirent le village qu’à la nuit noire, et Catelyn se surprit à se demander s’il avait un nom. Si oui, ses habitants en avaient emporté le secret dans leur fuite, avec tout ce qu’ils possédaient, cierges du septuaire inclus. Ser Wendel embrasa une torche et ouvrit la marche.

Franchi le seuil – il fallait se baisser – les sept murs de l’oratoire se révélèrent lézardés, pochés. De même que ses sept murs n’empêchent point le septuaire d’être un seul et unique édifice, avait-elle appris dans son enfance de septon Osmynd, de même, Dieu est un sous sept aspects divers. Les riches septuaires urbains possédaient des statues des Sept, chacune honorée de son propre autel. A Winterfell, septon Chayle accrochait aux parois leurs masques sculptés. Ici ne se voyaient que grossiers dessins au charbon. Après avoir fiché la torche dans une applique près de la porte, ser Wendel sortit rejoindre Robar Royce.

Catelyn examina les figures. Le Père était barbu, conformément à la tradition. La Mère souriait, aimante et tutélaire. Son épée sommaire identifiait le Guerrier, son marteau le Ferrant. La Jouvencelle était belle, l’Aïeule aussi ridée que sage.

Quant à l’Etranger..., il n’était ni mâle ni femelle mais androgyne, l’éternel proscrit, l’errant venu de contrées lointaines, plus et moins qu’humain, inconnu et inconnaissable. Ici réduite à un ovale noir, sa face ténébreuse avait pour tous yeux des étoiles. Catelyn en éprouva un sentiment de malaise peu compatible avec le réconfort escompté des lieux.

Elle s’agenouilla devant la Mère. « Daigne poser sur ceux qui vont s’affronter, Dame, un regard maternel. Tous sont des fils, et chacun d’eux. Epargne-les, si tu le peux, épargne mes fils aussi. Veille sur Robb, sur Bran et sur Rickon. Puissé-je être avec eux. »

Une fissure qui lui courait le long de l’œil gauche donnait à la Mère un air éploré. Au-dehors s’entendaient la voix retentissante de ser Wendel et, par intermittence, les répliques discrètes de ser Robar ; ils discutaient de la bataille du lendemain. Hormis cela, muette était la nuit. Sans même un chant de grillon. Et les dieux toujours silencieux. Tes anciens dieux te répondaient-ils jamais, Ned ? T’entendaient-ils, agenouillé devant ton arbre-cœur ?

Les flammes de la torche animaient les murs d’ombres dansantes qui, tordant et modifiant leurs traits, donnaient aux faces un air à demi vivant. Les statues des grands septuaires urbains n’arboraient jamais pour visages que le choix de chaque sculpteur, alors que par leur rusticité même ces barbouillages représentaient n’importe qui. La figure du Père évoquait Père agonisant à Vivesaigues. Celle du Guerrier Stannis et Renly, Robb et Robert, Jaime Lannister, Jon Snow. Et même Arya..., l’espace d’une seconde. Avant que, se ruant par la porte, une bouffée de vent ne fasse crépiter la torche et ne disperse la ressemblance et ne l’efface en une explosion de lumière orange.

La fumée lui brûlait les yeux. Du dos de ses mains couturées de cicatrices, elle se les frotta. Et quand elle reporta son regard vers la Mère, c’est Mère qu’elle vit là. Lady Minisa Tully, morte en couches du second fils qu’elle donnait à lord Hoster.



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