Le Tribut des dieux--Tahirah by Bleuenn Guillou

Le Tribut des dieux--Tahirah by Bleuenn Guillou

Auteur:Bleuenn Guillou
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782017169741
Éditeur: Hachette Romans
Publié: 2022-10-17T08:06:53+00:00


Tahirah, pendant la marche, ne prêta pas grande attention à ce qui se disait ou se passait autour d’elle, mais des bruits remontèrent jusqu’à elle. La communauté évitait son regard, craignait ses foudres ou médisait sur son attitude. Tous pensaient qu’elle était la plus cruelle des trois. Qu’elle prenait plaisir à tuer. Qu’elle avait voulu s’amuser, plus tôt, lors de la traversée du fleuve. Heureusement, Oya la douce l’en avait empêchée. Oya la Douce, Skanda le Sage – ou parfois le Juste, son surnom ne paraissait pas fixé – et Sekhmet la Cruelle. Tahirah les aurait plutôt appelés Oya l’Invisible, Skanda le Tueur et Sekhmet la Destructrice.

Elle évitait Imani, qui devait surveiller Tarek, ce qui l’empêchait de venir lui parler. Heru ne vint pas demander d’explications. Ils installèrent le camp à une dizaine de kilomètres du fleuve : la traversée avait secoué tout le monde. Les tentes des dieux furent montées en premier, et Tahirah se réfugia dans la sienne. Elle tentait de rassembler ses pensées et ses arguments pour faire face aux attaques qui l’attendaient, mais elle n’en eut pas le temps.

À peine avait-elle rabattu le pan de tissu de l’entrée de sa tente que Skanda déboula sans y être invité, Oya sur les talons. Il n’avait pas l’air furieux, comme Tahirah l’avait imaginé, même si son visage demeurait fermé. À sa grande surprise, ce fut Oya qui entama la discussion.

— Qu’est-ce qui s’est passé ?

— Comment ça ?

Tahirah tentait de jouer la carte de l’innocence. Oya croisa les bras tandis que Skanda lâchait un petit rire moqueur.

— Vraiment ? se contenta-t-il de rétorquer, d’une voix douce – trop douce pour ne pas laisser présager le pire.

— J’ai été prise de fatigue.

— C’est tout ? s’étonna Oya, dubitative.

— Oui, je n’ai pas l’habitude d’utiliser mes pouvoirs sur autant de gens, la fatigue m’a fait perdre le contrôle.

— Foutaises.

Tahirah dévisagea Skanda longuement. Ils se jaugèrent. Tahirah comprit qu’elle ne le convaincrait pas. Il savait qu’elle mentait. Grâce à ses pouvoirs ou parce qu’il analysait les expressions de son visage et de son corps, peu importait.

— Dis-moi la vérité. Maintenant.

Tahirah garda le silence. Que pouvait-elle répondre ?

Il s’approcha, trop près. Elle se força à ne pas reculer. Montrer ses faiblesses à Skanda serait suicidaire. Il profiterait de la moindre faille. À cause de leur différence de taille, elle fut obligée de lever la tête pour le regarder, se sentant petite et fragile. Sa magie bouillonnait. Elle était à deux doigts d’immobiliser Skanda, mais celui-ci ne paraissait pas vouloir la frapper – il n’ignorait pas que ce serait peine perdue. Il n’utilisait pas ses pouvoirs non plus. Il attendait. Le silence portait sur les nerfs de Tahirah.

— Accouche, grommela Oya. On va pas y passer toute la nuit. On a vu. Alors raconte. C’était quoi ? Depuis quand t’as ces problèmes ?

Tahirah expira lentement. Prit son courage à deux mains. Même si la confrontation se passait mal, elle pouvait les vaincre. Ou fuir.

— Depuis quelque temps, je perds mes pouvoirs de façon momentanée.



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