Le tourbillon by Pierre Siniac

Le tourbillon by Pierre Siniac

Auteur:Pierre Siniac [Siniac, Pierre]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Française, Rivages/Noir, Policier
Éditeur: Rivages/Noir
Publié: 1975-12-31T23:00:00+00:00


Troisième partie

16

Accident (suite)

Il était près de 21 heures. À Breuil-en-Yvelines, l’avant-veille de partir en voyage de noces, Gaston et Clairette Bargette terminaient de dîner dans la salle à manger de leur pavillon en regardant la télévision. À Quimper, après toute une journée à battre une fois de plus le pavé de la ville – éconduite par certains commerçants, plainte par d’autres ; partout les salauds sont mêlés aux braves gens, il n’existe toujours pas de barrière pour séparer ces deux catégories d’humains –, Marie Duply, n’ayant toujours pas retrouvé ses gamins, décidée à se rendre au commissariat dès le lendemain, venait d’ouvrir sa baraque de tir. Ses voisins les montreurs de rats n’étaient pas revenus ; à la place, il y avait un marchand de cacahuètes et de nougat avec sa petite voiture. Henri et Jean-Noël étaient toujours enfermés dans le dancing, le petit gémissant sur sa banquette, le grand ayant constaté que tout était fermé à clé : le réduit où se trouvait le compteur électrique, le cagibi où il y avait le téléphone, les placards, les buffets, des tiroirs du bar, tout. Le rouquin avait mis la main sur un sucrier métallique à moitié plein et un paquet de cakes, ce qui leur avait permis de grignoter un peu durant ces trois longs jours. Henri avait eu beau appeler : aucune réponse, que le bruit d’un camion qui passait sur la route de Locronan, de temps à autre. Et le dancing ne rouvrirait qu’en fin de semaine, vendredi soir. Encore deux interminables journées, deux nuits sans fin à attendre.

Toujours installé à l’hôtel Beau Rivage, Meyssonnier commençait à trouver le temps long ; ses deux rigolos, partis avec leur camion lundi en début d’après-midi, n’avaient toujours pas donné signe de vie ; il est vrai que ces animaux-là lui avaient demandé d’être assez chic pour poireauter un jour de plus – et il avait accepté –, ce qui nous amenait à jeudi soir, donc encore vingt-quatre heures à faire le pied de grue, à ne pas savoir quoi branler ; tout son matériel pour mettre le feu au Fantasmagogo était prêt, il n’y aurait plus qu’à craquer l’allumette. Ayant terminé de dîner au restaurant de l’hôtel, Meyssonnier se rendit à Quimper à pied, histoire de se détendre un peu. Il alla jusqu’à la fête foraine dont les ampoules électriques multicolores, bien que plutôt à ras de terre, essayaient de faire la pige aux étoiles. Il se dirigea vers le railway, passa au bas des cages tournantes où il s’arrêta, et en se passant le bout de la langue sur les lèvres, il regarda les cuisses des filles troussées par le vent, agrippées aux barres des cabines, hurlant de trouille et d’excitation, il repartit et se mit à chercher une gonzesse seule dans la foule, une main remuante dans une poche de son pantalon…

Adrien Paulu, sa femme et ses deux filles – tous en tenue de sport : survêtement bleu marine et chaussures de basket – terminaient eux aussi de dîner, mais très loin de Quimper.



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