Le sursis by Lise Gauvin

Le sursis by Lise Gauvin

Auteur:Lise Gauvin [Gauvin, Lise]
La langue: fra
Format: epub
Tags: General Fiction
Éditeur: Libre court
Publié: 2014-01-01T00:00:00+00:00


Chaque jour, elle entend le début de son boniment, comme un refrain :

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, je vous souhaite la bienvenue au Château de Lourmarin. Celui-ci a connu plusieurs époques. Presque tous les moments de l'histoire de France y ont laissé des traces.

Nous allons d'abord pénétrer dans la partie du XIIe et du XIIIe siècle.

Après chacune des visites, elle écoute le bruit de la chasse d'eau signalant la fin du circuit touristique.

Tous les matins, Marie poursuit ses recherches dans l’espoir de trouver d’autres manuscrits. Peine perdue. Elle se convainc que La Mort heureuse est déjà une « trouvaille » justifiant son déplacement. Elle en recopie des phrases entières. Elle aimerait percer l’énigme du titre. De savoir à quel point Camus était sensible au bonheur terrestre lui donne un autre point de vue sur son œuvre.

Elle ne parle pas de sa découverte. Préfère garder pour elle seule ce nouveau Camus dont elle vient de faire la connaissance. Elle sait pourtant que d’autres avant elle ont dû parcourir ce manuscrit.

C’est elle qui maintenant se rend au village pour les courses. C’est elle encore qui raconte à son ami le soir les potins entendus au moment des files d’attente chez les commerçants. À la crèmerie, elle a appris que la fille du boulanger allait bientôt épouser le fils du pharmacien, que la femme du cordonnier attendait son cinquième enfant, que la secrétaire de la mairie avait un nouvel amant. Le boucher l’appelle « ma p’tite dame » et lui offre « deux bifteks bien tendres » ou « des merguez bien épicées » avec un sourire complice. La marchande de légumes l’accueille toujours avec la même formule : « Et pour vous ce sera comme d’habitude ? » On dirait qu’elle veut se débarrasser d’elle au plus vite. De crainte de la contrarier, Marie se contente alors de trois tomates, de deux courgettes et d’une laitue qu’elle pose au-dessus des autres aliments dans son panier.

Elle s’en retourne au château avec au bras son butin aux couleurs vives et rêvant, comme Perrette, de projets à venir dans cette Provence au soleil « exact ». C’est ainsi que Camus l’aurait qualifiée, croit-elle.

L’atmosphère est à la légèreté. Le soir, tels des enfants espiègles, ils rivalisent d’ingéniosité pour inventer les jeux les plus fous. Ils s’amusent à mimer à tour de rôle les commerçants du village en laissant à l’autre le soin de deviner de qui il s’agit. Le deuxième défi consiste à leur inventer des biographies. Ils imaginent les parcours les plus extravagants, les faits les plus inattendus.

Les soirées se prolongent tard dans la nuit. Le matin, ils retrouvent leurs corps entremêlés dans les brouillards du sommeil.



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