Le sang du monde by G-j Arnaud

Auteur:G-j Arnaud [Arnaud, G-j]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Anticipation, Science-fiction
ISBN: 9782265064102
Google: E314GwAACAAJ
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 1998-07-05T22:00:00+00:00

XIX

Il apparut assez vite que le sergent des goumiers avait interprété à sa façon les ordres reçus. Rugika s’attendait à être durement interrogé, mais en fait il se retrouva dans l’antichambre de Fouadjin, en compagnie d’un planton non armé qui, assis à une petite table, effectuait des écritures.

— Vous serez bientôt reçu, dit-il aimablement.

Le sort de Tara le préoccupait plus que sa propre inculpation si inculpation il y avait. Il avait connu dans les dernières heures de la nuit une fièvre amoureuse dont il ne croyait plus revivre les bonheurs. Depuis des années il vivait dans une certaine continence. Parfois, il utilisait les services de prostituées à River Station ou GSS, mais n’y trouvait aucune satisfaction prolongée. Il restait seul avec ses besoins de tendresse. Avec Briget il n’avait connu que deux années merveilleuses. C’était une femme passionnée qui transformait vite l’amour physique en véritables affrontements, mais il n’avait pas détesté user de cette brutalité qu’elle réclamait. Puis il avait dû la quitter pour des raisons professionnelles, vivre loin d’elle des mois durant. Elle avait connu un autre homme qui la comblait de satisfaction et dès lors plus rien n’avait marché entre eux. Il se trouvait déjà à Cross Station K17 lorsqu’elle avait assassiné cet homme, sa femme et son enfant. La nuit passée, ivres de fatigue et d’effroi devant l’ampleur de leur découverte, ils avaient connu des étreintes insatiables. Ils s’accrochaient l’un à l’autre avec un désir angoissé de survivre, de prolonger indéfiniment le plaisir pour oublier le reste. Le souvenir qu’il avait du corps de Tara était celui d’une peau douce, chaude. Elle n’avait pas voulu éclairer son compartiment. Ils s’étaient déshabillés avec une impatience furieuse l’un l’autre, avaient tout de suite voulu tout connaître de l’autre des mains et des lèvres. Il n’aurait pu préciser, alors qu’il attendait d’être reçu par le chef suprême de cette région, comment ils avaient fait l’amour et combien de fois. Ils avaient été frénétiques mais sans la brutalité que Briget exigeait de lui. Chaque fois il avait l’impression avec sa femme de consommer un viol odieux et, une fois revenu sur ses chantiers de fouille, en éprouvait un sentiment de culpabilité. Peut-être avait-il été rassuré qu’elle prenne un amant, mais le triple crime l’avait accablé.

— Vous pouvez entrer, lui dit le planton, alors qu’il recherchait dans son souvenir le plus récent l’odeur de Tara, la forme de ses seins.

Le Chérif général Fouadjin se leva pour lui serrer la main, l’invita à s’asseoir, lui proposa du café qu’il accepta.

— Votre compagnon de mission a parlé durant l’anesthésie. Il a libéré, paraît-il, les raisons de son angoisse. J’avais remarqué qu’il n’était pas à l’aise chez nous. Franchement, je pensais que vous étiez des espions préparant un rapport pour une éventuelle et future invasion. Je ne savais pas que vous vous intéressiez au dossier des hommes-ours.

— C’était donc bien cela, dit Rugika.

— J’ai reçu copie de l’interrogatoire de ce glaciologue Unio Kant. Là-bas, à Karawan Station, ils l’ont quelque peu malmené je crois. Il

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