Le sang de mon ennemi by Patterson

Auteur:Patterson
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Archipel
Publié: 2015-01-29T05:00:00+00:00

50

Comme Scanlon ne se trouvait pas chez lui, nous n’avions plus qu’à passer à la phase deux de l’opération.

Le temps d’un nouveau coup de fil, et c’est un pick-up Dodge Ram au plateau surmonté d’une bâche qui s’arrêtait à côté de nous vingt minutes plus tard.

— Tu as des copains partout, Émilie. À quoi sert cet engin ? À mesurer le taux de cholestérol des suspects ?

Elle m’a fait taire d’un geste et j’ai vu descendre du véhicule deux types habillés en noir de la tête aux pieds. J’ai également remarqué que le plafonnier du pick-up ne s’était pas allumé lorsqu’ils avaient ouvert les portières.

Parker a baissé sa vitre. L’un de ses collègues était un vétéran trapu à la lèvre supérieure barrée d’une moustache sombre, tandis que l’autre était un petit blondinet à peine en âge de se raser. Une version père et fils d’un tandem de ninjas américains.

— Laquelle est-ce ? a demandé le jeunot.

— La propriété à la grille, lui a répondu Parker. Apparemment, il y a un chien.

— Pas de souci, a décrété le vieux avec un mauvais sourire en tapotant le sac qu’il avait à la main. On adore les canidés.

Le jeunot, les yeux rivés sur la maison de Scanlon, a glissé une chique de tabac à l’intérieur de sa joue en serrant les courroies de son sac à dos dont le contenu a tinté. Il a regardé sa montre.

— On vous appelle dans… sept minutes ? a-t-il demandé à son équipier.

— Six, l’a corrigé le vieux.

Sans attendre, les deux hommes ont escaladé la grille avec l’agilité d’un couple d’écureuils.

— La roue de la justice avance beaucoup plus vite que je ne le croyais, tu ne trouves pas, Émilie ? Je n’ai jamais vu personne obtenir un mandat de perquisition aussi rapidement.

Parker a fait la sourde oreille, pleinement consciente que je l’asticotais pour la façon dont le Bureau prenait des libertés avec le système en opérant de façon parfaitement illégale.

Personnellement, je n’y voyais aucun inconvénient. Suivre le règlement à la lettre alors que Perrine décimait des flics et des familles entières équivalait à respecter le code de la route à l’heure de conduire un mourant aux urgences. C’était tout bonnement stupide.

Nous avions besoin d’informations précises, et vite. Il fallait surveiller le téléphone de Scanlon et fourrer le nez dans ses intrigues avant qu’il ait pu comprendre ce qui lui arrivait. Je ne pensais qu’à la récompense finale : un monde enfin débarrassé de Manuel Perrine. J’étais disposé à prendre toutes les libertés nécessaires pour éliminer ce salopard qui avait décidé de tuer toute ma famille.

Le vieux s’était trompé. Cinq minutes à peine venaient de s’écouler depuis le départ des plombiers du FBI lorsque la grille s’est ouverte lentement. Le même vieux nous attendait au bout de l’allée, debout devant la porte ouverte de la maison, tel un majordome stylé.

— Où est Médor ? a demandé Parker.

— Il fait un gros dodo. Le temps de crocheter la serrure et de lui donner sa pâtée, j’ai vu ses paupières s’alourdir.

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