Le sabre des Takeda by Inoue Yasushi

Auteur:Inoue, Yasushi [Inoue, Yasushi]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman historique, Moyen-âge, Littérature japonaise
ISBN: 2-87730-850-2
Éditeur: Éditions Philippe Picquier
Publié: 2006-04-27T16:00:00+00:00

La bataille fut déclenchée à l’heure du Cheval (midi).

On adopta la formation « en ailes de grue ». Le gros des forces figurait le corps de la grue. Les troupes qui s’articulaient sur ses deux flancs semblables à deux ailes prirent position légèrement en avant. À l’avant-garde droite, le Gouverneur de Bitchû Oyamada, à gauche le Sous-Lieutenant de la Garde Militaire de la Gauche Oyamada [29]. En tête, devant la garde des hatamoto, Sanada Yukitaka. À main droite de celle-ci, à quelque cinq cents mètres de distance, Obu Toramasa. Les six divisions de queue Baba, Naitô, Hinata, Katsunuma, Anayama et Nobushige, échelonnèrent leurs positions comme un vol d’oies sauvages derrière l’armée du commandement. Le Gouverneur de Kaga, Hara Masatoshi, qui prit l’arrière-garde avec neuf mille cavaliers sous ses ordres, alla se placer plus en retrait encore.

Kansuke, avec le gros des forces, attendait à côté de Harunobu que commencent les combats.

— Aujourd’hui, il ne faut pas songer à tuer Kagetora. Il nous suffira de voir comment il se comporte à la bataille.

Kansuke se sentait presque plus excité que Harunobu. Alors qu’il reprochait au jeune homme son irréflexion, c’était Harunobu qui, bien davantage que lors de l’affrontement avec Murakami Yoshikiyo, gardait son calme avec un aplomb imperturbable.

Kansuke, cependant, trouvait raison à son exaltation. Il faudrait un jour, pas très loin de celui-ci, vaincre Nagao Kagetora. Quand il serait abattu, la puissance Takeda aurait d’un coup accès à la mer du Japon. Et le tronc du pays tomberait alors sous la coupe de Harunobu.

La bataille s’engagea entre les troupes d’Oyamada et celles de l’avant-garde de Nagao Kagetora qui, se rapprochant de concert, ouvrirent le feu à l’arquebuse.

Les détonations durèrent un très court moment. Bientôt, le grondement des cris de guerre roula entre ciel et terre. Les troupes du Gouverneur de Bitchû Omayada, lances à la main, donnaient l’assaut dans la plaine qui menait aux berges de la Chikuma.

— Qu’en dis-tu ? fit Harunobu.

— Oyamada devrait gagner. Il va sans doute disperser le front ennemi. Mais il aura ensuite à reculer. C’est la position qui le veut.

Kansuke ne voyait pas d’autre possibilité. Les deux camps gardaient des positions irréprochables. Quand on gagnait d’un côté, le jeu semblait faire que la retraite soit promise au tour suivant.

Oyamada appuyait dur sur le front ennemi. Était-ce le caprice du vent, les mâles rugissements du combat à mort que se livraient les deux armées arrivaient d’une tout autre direction, loin en aval sur la Chikuma.

Sur ces entrefaites, comme l’avait prédit Kansuke, l’avant-garde ennemie, pliant devant Oyamada, recula de deux cents mètres environ, entièrement disloquée.

Le régiment du Sous-Lieutenant de la Garde Oyamada, de l’aile avant-gauche, entama l’offensive contre la pointe gauche adverse, mais ses troupes étaient poussées plutôt qu’elles ne poussaient, et elles se mirent à perdre insensiblement du terrain.

— C’est passionnant !

Kansuke était tombé en admiration devant la bataille. Il n’en avait jamais vu qui l’intéressât autant. Vainqueur, le Gouverneur de Bitchû ne tarderait probablement pas à reculer devant les hommes frais en face, et de même l’adversaire,

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