Le sabre de l'Empire by Peyramaure Michel

Le sabre de l'Empire by Peyramaure Michel

Auteur:Peyramaure, Michel [Peyramaure, Michel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman historique
ISBN: 9782221190692
Éditeur: Groupe Robert Laffont
Publié: 2015-09-30T22:00:00+00:00


2

Marie, la Polonaise

Le destin qui a fait de la vie de Joachim Murat une sorte de rêve éveillé ouvert sur des perspectives resplendissantes, m’a incité à remonter le cours de l’histoire en compagnie de son ennemi discret mais dangereux : le prince Eugène de Beauharnais, le fils chéri de l’impératrice Joséphine.

Par grâce impériale, considéré par Napoléon comme son fils adoptif, il s’était trouvé, l’année 1805, vice-roi d’Italie, le titre suprême étant tenu par l’Empereur lui-même, alors qu’il n’avait jamais brillé, sauf à Austerlitz, sur les champs de bataille ni dans les fastes et les décisions des Tuileries.

Rien, dans ses qualités intellectuelles, sa culture, son physique, ne le signalait apte à assumer une royauté. Il avait, aux dires de Joachim, l’allure d’un « gringalet » : visage ni beau ni laid, démarche curieusement chaloupée, dentition déficiente (comme sa mère), mais, il faut en convenir, un esprit affable, un entregent porté à l’indulgence et au compromis.

Un mystère plane sur ses rapports avec Joachim. Ne lui avait-il pas pardonné d’avoir été l’amant de sa mère et d’avoir ainsi trahi la confiance de son beau-père ? Était-il jaloux des succès militaires et amoureux de Murat ? Le méprisait-il pour ses origines ? Toujours est-il qu’il régnait entre eux une inimitié qui allait se concrétiser avec le temps. Ils n’avaient en commun que leur fascination pour l’Italie et pour Venise, plus que pour Milan.

Alors qu’Eugène coiffait sa couronne, la Sérénissime, privée des Terres fermes de la Vénétie, venait d’entrer dans une phase de désagrégation qui paraissait irréversible. Il ne restait de cette République qu’une ville dépourvue de toute importance stratégique et vouée aux plaisirs : un « Temple de la Volupté », comme dans la Rome antique.

Les expéditions militaires suivies du blocus avaient entraîné une profonde crise économique. L’abandon du port et de son arsenal qui, dans les siècles passés, avaient fait la loi sur la Méditerranée, avait forcé les Vénitiens à se replier sur eux-mêmes, sous le symbole du Lion ailé. Prendre parti dans le grand désordre qui avait agité la Péninsule eût risqué de priver les Vénitiens de leur bien le plus précieux : leur indépendance. La fin du doganat avait entraîné des désordres et suscité l’envie des puissances spoliatrices d’y mettre de l’ordre à leur manière.

Au cours d’une expédition, Murat avait pénétré dans Venise mais n’avait fait qu’y passer, malgré son envie obsédante de jouir des folles traditions du carnaval. Il aurait pu, simplement en s’y montrant à la tête de ses escadrons, la conquérir, mais c’est elle qui l’avait conquis. Il s’était promis d’y revenir. Sans Caroline.

Il m’avait écrit, à quelques jours de cette visite :

« En occupant ma chambre à l’Écu de France, réquisitionné pour ma troupe, j’avais l’impression d’avoir pris pied sur une autre planète. J’aurais pu, me semblait-il, y rester mille et une nuits sans trouver la même femme dans mon lit. Ma belle allure, mon uniforme avec un brin de fantaisie, ma bonne humeur m’ont valu les sourires et les hommages de créatures belles à damner un saint et virtuoses dans les ébats érotiques.



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