Le roman de François Villon by Carco Francis

Le roman de François Villon by Carco Francis

Auteur:Carco, Francis
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature française
Éditeur: Albin Michel
Publié: 1932-05-14T16:00:00+00:00


CHAPITRE DOUZIÈME

Pourtant, mille racontars circulaient dans Paris au sujet de cette équipée et chacun en avait les oreilles rebattues, sauf François qui, flânant par les rues, songeait à Catherine et ne savait quoi décider. Quand il la rencontrait et répondait à ses sourires par un petit salut, il rentrait tout pensif et se montrait d’humeur exécrable. Il aurait voulu braver Catherine, l’humilier, et n’y parvenait point. S’il restait plusieurs jours sans la voir, il tombait dans un profond abattement ou encore, la nuit, sous ses fenêtres, épiait les allées et venues des passants jusqu’à ce qu’il distinguât Sermoise.

Cela n’empêchait point François de se rendre compte qu’une turbulence régnait dans les Écoles et qu’on préparait un grand coup. Il éclata vers le printemps, quand, après bien des pourparlers inutiles, le recteur se lassa d’attendre du prévôt qu’il élargît les écoliers jetés par lui dans les basses-fosses du Châtelet et décréta d’agir.

Le 9 mai, au matin de l’année 1453, un cortège se rendit, rue de Jouy, chez Robert d’Estouteville. Dans le plus grand ordre, professeurs, maîtres, élèves défilèrent, par rangs de huit, sans bâtons ni couteaux. Ils avaient tous juré, durant cette manifestation solennelle, de ne répondre aux provocations quelles qu’elles fussent. Tout se passa, dès le début, fort convenablement. Robert d’Estouteville reçut le recteur, agréa sa requête, donna l’ordre à un nommé Nicolas de délivrer les innocents et de prendre caution pour les coupables, puis, accompagnant le grand maître de l’Université jusqu’à la porte de sa demeure, il annonça lui-même d’une voix forte que l’accord était fait.

Plus de huit cents écoliers, attroupés dans la rue, l’acclamèrent et le cortège, avec le recteur à sa tête, se mit en route afin de gagner la rive gauche en empruntant la grand’rue Saint-Antoine où, par malheur, comme il était midi, un commissaire, Henri Le Fèvre, et des sergents, croisèrent les écoliers.

— Qu’est-ce là ? s’informèrent les sergents.

Henri Le Fèvre leur répondit de laisser passer le recteur puis, au moment où la colonne tournait l’angle de la maison de l’Ours, il s’écria, tirant l’épée :

— À l’aide ! au roi ! à l’arme ! à la mort !

Les sergents, aussitôt, se jetèrent sur les manifestants et les frappant de la hache et de la dague, les poursuivirent avec violence jusqu’à ce que de toutes parts, dans la rue, le désordre fût à son comble et que d’autres sergents, venant en sens inverse et comprenant de quoi il s’agissait, tendissent les chaînes et entrassent dans la mêlée. Les écoliers sans armes essayaient de se réfugier dans les maisons, dans les jardins, mais, où ils se sauvaient, ils étaient joints.

— Tuez ! Tuez ! il y en a trop ! répondaient les sergents à leurs plaintes.

L’un d’eux, la dague levée, menaçant le recteur, lui dit brutalement qu’il l’allait conduire au prévôt.

— Cela fera deux fois, en un seul jour, riposta le recteur, car je viens à l’instant de lui rendre visite.

— Quoi ! Que dit-il ? Que dit-il ?

— C’est un coquart !

— Mais menez-moi, insistait le recteur.

Un archer, dirigeant la pointe de sa flèche contre lui, déclara :



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