Le Rodeur d'ombre by Pekhov Aleksei

Le Rodeur d'ombre by Pekhov Aleksei

Auteur:Pekhov,Aleksei [Pekhov,Aleksei]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-11-17T00:00:00+00:00


Rien d’important ne se produisit au cours des jours suivants. Nous nous dirigions toujours vers le sud, en effectuant des haltes pour passer la nuit à la belle étoile.

Des nuits dont la douceur compensa l’inconfort. Si le temps avait été de saison, nous aurions été agressés par un vent assez vif comme tous les mois de juillet depuis dix millénaires. Mais nous pouvions en l’occurrence dormir confortablement sur l’herbe, ou nous y allonger pour contempler une voûte céleste magnifique. Sans les moustiques surexcités par cette chaleur inhabituelle, ce voyage eût été paradisiaque.

La raison pour laquelle nous passions la nuit en plein champ était simple. La grand-route contournait les villages en dessinant une boucle large vers le sud-est depuis deux jours. Nous n’atteindrions la prochaine agglomération que le lendemain soir. Détail surprenant, Mumr ne ronflait plus. Marmotte m’expliqua que l’Allumeur de réverbères ne donnait des concerts que lorsqu’il avait un toit au-dessus de sa tête. Ce qui me permit de rattraper mon retard de sommeil.

Nous nous étions habitués l’un à l’autre, Petite Abeille et moi, et je constatais avec un vif plaisir que je n’étais plus épuisé après une journée complète passée en selle. J’étais las, certes, mais c’était une fatigue supportable, très différente de celle qui vous terrasse et vous cloue au sol pour une éternité, sans qu’il soit possible de se relever même si c’est pour subtiliser tous les bijoux du royaume.

Markauz refusa de s’encombrer du bouffon, jusqu’au moment où ce dernier lui remit – avec une expression de totale innocence sur son visage de fripon – un parchemin marqué du sceau du roi. Le comte n’eut alors d’autre choix que de l’autoriser à nous accompagner.

Le cheval de Kli-kli était aussi gros que celui d’Alistan, et si Hallas et Deler étaient – comment dire ? – plutôt amusants sur leurs montures, le gobelin avait un aspect incongru et comique sur le monstre noir appelé Plume. Ses pieds n’atteignaient pas les étriers, mais je dois reconnaître qu’il ne manquait pas d’assurance et que Plume exécutait sans broncher tous les ordres qu’il lui donnait.

La tranquillité du bouffon était sidérante. Par « tranquillité », j’entends que nous n’avions pas à redouter qu’il mette notre sommeil à profit pour glisser une couleuvre dans une de nos bottes ou un rameau d’épineux sous la queue de notre monture. Mais ce gobelin insupportable ne restait pas en place. Il passait la majeure partie de son temps à se déplacer le long de notre colonne qui s’étirait sur la route, tout d’abord dans un sens puis dans l’autre. Il était possible de le voir chanter en compagnie de Deler et Hallas, raconter une anecdote à Matou et Anguille, philosopher avec les elfes ou discutailler avec l’inébranlable Alistan Markauz jusqu’à en avoir une extinction de voix.

Nous atteignîmes un lieu habité trois jours après l’arrivée de Kli-kli, et ce fut alors que tout dégénéra.

L’auberge de cette bourgade était bien moins agréable que celle de Tournesol, mais aucun choix ne nous était offert. Et, après avoir passé tant de nuits à la belle étoile, la plus inconfortable des literies était la bienvenue.



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