Le Retour by Green Simon R

Auteur:Green,Simon R [Green,Simon R]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science-Fiction
Éditeur: L'Atalante

Dans la salle du Parlement, le travail se poursuivait comme d’habitude. La plupart des députés étaient présents, principalement parce qu’ils n’avaient rien de mieux à faire. Il n’y avait quasiment personne dans la section des non-humains, le représentant des clones s’efforçait d’avoir l’air intéressé par le débat languissant, Shub observait la séance par les yeux d’un robot, et Douglas, souverain et président de la Chambre, se perdait dans ses pensées, avachi sur son trône. Bref, la routine de ces derniers jours léthargiques de la civilisation.

Mirah Puri, députée de Malédiction, prit la parole. La tête haute, elle jeta un regard noir à Douglas, une main serrée si fort sur son sari que ses articulations blanchissaient, puis elle se lança dans son adresse d’une voix forte et vit avec satisfaction le roi sursauter légèrement : elle avait la ferme intention d’être écoutée par tous. Elle devait parler des droits de son peuple, de la nécessité d’un empire tolérant et coopérant. Elle y mit tout son talent et toute sa verve, et, au bout d’un moment, elle constata qu’au moins ses collègues ne se moquaient pas d’elle ; comme il faisait chaud, voire étouffant, peut-être n’en avaient-ils pas l’énergie. Quelques-uns chahutaient sans enthousiasme sur les bancs du fond, sans doute des sous-fifres des Hommes Nouveaux qui tâchaient de se faire bien voir de leurs supérieurs, mais Douglas ne réagissait pas. Mirah poursuivit son discours parce que… parce qu’il fallait bien que quelqu’un le prononce. Le Parlement n’avait peut-être plus son courage d’autrefois, mais il demeurait une chance qu’elle parvienne à le retourner, à lui rendre le sens de ses responsabilités si elle employait les mots et les idéaux justes. La Chambre avait encore du poids, Mirah Puri voulait le croire de toute son âme ; elle devait le croire, sans quoi sa vie n’avait plus aucun sens. (Elle se revoyait dans son minuscule bureau officiel, aidée de son personnel limité, acharnée à peaufiner son texte pour le rendre le plus frappant possible. Elle devait réveiller la conscience endormie du Parlement… mais elle était lasse, comme tous ceux qui l’entouraient, à force de s’épuiser à lutter contre les courants d’opinion publics et privés. Elle avait l’impression que le monde avait perdu la boule ; comment tout avait-il pu se détériorer à ce point et si vite ? L’Empire vivait un ge d’Or, et certains affirmaient qu’il se poursuivait, mais Mirah le voyait se ternir.)

Elle acheva son allocution sur un appel aux armes et à l’action puis parcourut la salle d’un œil plein d’espoir, mais les députés restèrent impavides ; nul n’applaudit, nul ne la railla. Ils la regardaient sans bouger, en silence. Mirah sentit alors ses forces l’abandonner, et c’est d’un pas presque trébuchant qu’elle regagna son siège. Ils avaient fait pire que ne pas l’écouter : ils l’avaient écoutée et restaient de marbre. Aucun d’entre eux n’attachait plus d’importance aux anciennes valeurs, à part Ruth Li, mais c’était une fanatique. Même les parangons n’échappaient pas à la corruption, s’il fallait en croire les

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