Le Réseau de Patagonie by G.J. Arnaud

Le Réseau de Patagonie by G.J. Arnaud

Auteur:G.J. Arnaud [Arnaud, G.J.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: FNA, SF FR
ISBN: 226503245X
Éditeur: Alexandriz
Publié: 1982-01-04T23:00:00+00:00


Chapitre XVIII

Depuis combien de temps ce rat était-il prisonnier dans cette cage de verre ? Qui l’avait enfermé là dans ce cube transparent percé de quelques trous gros comme le doigt pour l’aération ? Ce n’était pas à la suite d’un jeu cruel ou par sadisme. Dans cette nouvelle station-cross, celle-là s’appelait Madré Cruz Station. Au centre d’une jonction en angle droit de deux voies secondaires. Le Pampero s’acharnait sur la verrière dont les plaques de verre cliquetaient sous l’assaut du vent. Les piliers en fonte décorée de feuillages gardaient des traces de peinture verte et s’agitaient comme des arbres d’autrefois sous la tempête. Le Pampero soufflait avec une telle violence qu’il arrachait une écume de neige à la crête des congères pour en mitrailler la petite station. Pas si petite que ça. Au moins cinquante maisons mobiles ; quatre-vingts à cent familles avaient vécu là. Il y avait une boutique d’apothicaire et dans cette boutique le rat dans sa cage de verre. Dans un coin, une soucoupe à deux compartiments pour l’eau et la nourriture, mais visiblement l’animal n’avait rien absorbé depuis des jours. Il vivait pourtant. Maigre, noir parce que depuis longtemps captif, sinon les rats des Glaces prenaient un pelage blanc très épais, très soyeux. On en faisait des manteaux confortables. Dans certaines régions ils atteignaient cinquante centimètres sans la queue. On disait qu’ils creusaient des terriers dans la glace jusqu’à l’ancien sol et qu’ils avaient un flair inouï pour retrouver des endroits remplis de nourriture, églises, salles de cinéma où, trois siècles auparavant, les gens avaient cru trouver un refuge contre le froid, entrepôts de vivres, bibliothèques, forêts subglaciaires. Certains les pistaient pour ensuite creuser des puits, des tunnels en spirale pour descendre au fond récupérer les richesses d’une civilisation disparue.

— Je reviens, dit Lien Rag.

Il retourna vers son loco-car sans se préoccuper de la Commission qui inspectait Madré Cruz Station sans beaucoup d’enthousiasme. Visiblement ils en avaient assez, désiraient rentrer à NY Station. Ils ne savaient que penser de ces multiples stations vidées de leurs habitants. Ils allaient fournir des rapports accusateurs, des photographies impressionnantes, des relevés de températures indiscutables puisqu’ils disposaient d’appareils plombés. Lien Rag pénétra dans son compartiment, prit le paquet de farine de pommes de terre et retourna vers la boutique d’apothicaire. Les quatre membres de la Commission lui paraissaient désormais stupides, enfantins, sûrs de leur immunité. Jamais Lady Diana ne permettrait qu’ils retournent à NY Station. Ils étaient des morts-vivants et lui ne pouvait rien pour eux. Il les avait entraînés dans cette aventure sans imaginer qu’elle serait aussi dangereuse.

Leouan avait laissé tomber quelques morceaux de glace dans le cube de verre et le rat les grignotait voracement de ses dents jaunes qui dépassaient de deux centimètres de sa gueule. En trois cents ans, cette race s’était adaptée aux nouvelles conditions climatiques et leur colonie atteignait parfois mille ou deux mille individus. Ils pouvaient creuser la glace à une allure folle lorsqu’il s’agissait d’atteindre un tas de nourriture. Ils se relayaient dans la galerie, pissaient sur la glace pour la faire fondre, avalaient le surplus.



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