Le parfum de l'oeillet by Galzy Jeanne

Le parfum de l'oeillet by Galzy Jeanne

Auteur:Galzy,Jeanne [Galzy,Jeanne]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman Policier Historique
Éditeur: Gallimard
Publié: 1956-03-13T23:00:00+00:00


XIV

Les semaines passèrent, émiettées en besognes monotones, parfois sordides. Goureau ne se plaignait plus aussi bruyamment des entêtements de la Connétable. Elle paraissait s’être découragée.

— Croyez-vous qu’elle renoncera ?

— Je vous dirais non, si elle était dans son habitat ordinaire. Mais ici, où tout lui est étranger, il y aura un moment où elle se lassera. Avec les lenteurs de la justice…

— La mauvaise volonté de Ribard, poursuivit Mauguin.

— Si vous voulez, mais surtout le mal du pays, la nécessité de veiller sur ses terres.

— Et la décision de la compagnie d’assurance ?

— Elle est prise selon les statuts. Rien n’est dû en cas de suicide et vous avouerez que celui-là, après avoir seulement pendant deux ans versé les primes…

Il n’acheva pas sa phrase pour se jeter tout de suite sur les affaires en cours.

— Vous n’avez pas revu la jeune fille ? dit Mauguin.

— La Sylphide ? Non. Mais je l’ai rencontrée quelquefois. Je pense qu’elle va aux Archives. Pour le mort, ou pour le vivant. Qu’en pensez-vous ? Ce petit Vermanouze…

— Je crois que Mademoiselle Aminta cherche surtout à s’expliquer la mort de son oncle.

— Alors, aussi entêtée que la tante, dit Goureau qui ajouta sans couper la phrase : « et que vous ! »

Mauguin ne protesta pas. Comment faire comprendre à Goureau que, si l’affaire n’était plus sur le plan juridique, il s’y intéressât avec une telle passion ?

— Et, interrogea Goureau après un arrêt, puis-je vous demander où en sont vos recherches personnelles ? Je sais que la Connétable parle devant Honorine de documents volés. Est-ce que vous sauriez, par hasard, à quoi se rapportent ces documents ?

— Vous pensez à ceux du tiroir ? Vous ne doutez donc plus qu’ils aient disparu ?

— Cela est une autre question. Je pense aux réclamations de cette vieille entêtée. Voyons. Vous n’avez pas là-dessus quelque indication, quelque indice…

« Le voilà qui croit, lui aussi, à l’importance de ce document », pensa Mauguin.

— Non, pas le moindre, affirma-t-il.

Le lendemain il reprit la diligence qui menait au bas des collines désertes où se cachait le château délabré de Camille du Terrail. Après une petite pluie, l’eau se mit à tomber à torrent. On distinguait à peine les taches des mas, de part et d’autre de la route. Reconnaîtrait-il l’endroit où il devait descendre ? Le postillon, cette fois, ne lui serait d’aucun secours. Le cousin d’Honorine était absent. Il fut deux fois sur le point de tirer la corde qui prévenait le cocher d’arrêter les chevaux, alerté soudain par la forme d’un cyprès ou le tassement grisâtre d’un champ d’oliviers.

Soudain un pilier carré, découronné de sa pierre de faîte, le fit tressaillir. Après quelques glissements et tressaillements, la diligence s’arrêta. Le vent l’enveloppa de rafales liquides. Il serra son manteau, enfonça sa casquette à visière, fut soulagé de constater que le pilier appartenait bien au portail en ruine qui jadis devait ouvrir sur la route l’enclos du domaine.

« — Peut-on vivre dans ce désert ? » Il imaginait les



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