Le paquet by Westlake Donald

Le paquet by Westlake Donald

Auteur:Westlake, Donald [Westlake, Donald]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Humour
Publié: 1973-01-31T23:00:00+00:00


CHAPITRE XVI

En grimpant l’escalier de la banque, Joe Mulligan trébucha et se retourna pour fusiller du regard la dernière marche. Ça faisait sept jeudis de suite qu’il venait monter la garde. Il aurait dû commencer à connaître la hauteur des marches.

— Qu’est-ce qui se passe, Joe ?

Ça, c’était Fenton, le doyen. Il aimait que les gars l’appellent Chef, mais aucun d’eux ne le faisait.

Mulligan tira sur la veste bleu marine de son uniforme, rajusta le ceinturon sur sa hanche droite et secoua la tête.

— J’ai le pied mal assuré sur mes vieux jours, répondit-il.

Il était arrivé ce soir à huit heures quatorze, d’après la pendule accrochée au mur derrière les guichets. Tous les autres gardes étaient déjà là, à part Garfield, qui déboula une minute plus tard en lissant sa moustache de shérif, l’œil aux aguets, comme s’il n’avait pas encore vraiment décidé s’il allait surveiller la banque ou la cambrioler.

La banque était encore ouverte et le resterait jusqu’à huit heures et demie. Le dernier quart d’heure, il y aurait foule : l’effectif normal des employés, les clients, plus les sept gardes privés, Mulligan et les autres… Tous les sept portaient le même uniforme simili-policier, avec sur l’épaule gauche, l’écusson triangulaire de l’Agence Continentale de Surveillance. Leurs plaques, gravées des initiales ACS et de leur matricule, ressemblaient aussi à celles des flics, de même que les ceinturons et baudriers qui renfermaient des calibres 38 Smith & Wesson.

À huit heures et demie, le gardien régulier de la banque, un certain Nieheimer, qui ne faisait pas partie de la ACS, ferma les portes de la banque et se tint près de l’entrée principale pour laisser les derniers clients sortir pendant les cinq minutes à venir. Les employés fermèrent leurs dossiers, rangèrent l’argent dans le coffre-fort, couvrirent les machines à écrire et à calculer et à neuf heures, le dernier d’entre eux, (c’était toujours Kingworthy, le directeur) s’en alla.

Fenton se retourna et dit ce qu’il disait chaque jeudi soir :

— Maintenant, on est de service.

— D’ac, fit Mulligan en attirant une chaise à lui.

Pendant ce temps, Block alla chercher la table pliante, près du coffre-fort, et les autres leurs chaises favorites. En une minute, la table fut installée dans le coin de la banque réservé aux clients et les sept gardes assis autour sur sept chaises. Morrisson tira deux paquets de cartes de la poche de son uniforme, un au dos rouge, l’autre au dos bleu. Tous sortirent de pleines poignées de monnaie de leurs poches et les flanquèrent sur la table.

Au bout d’un moment, Mulligan s’aperçut qu’il tenait l’atout et la partie.

— Bon Dieu ! s’écria-t-il en levant la main au-dessus de sa tête pour abattre son jeu sur la table.

Mais à l’instant où son bras était en l’air, Mulligan fut brusquement aspiré en arrière. Il vola par-dessus sa chaise et heurta le sol qui s’était mis à rebondir. Dans sa chute, ses jambes cognèrent le dessous de la table et l’envoyèrent valser. La monnaie, les cartes et les gardes allèrent valdinguer dans toutes les directions.



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