Le naufrage de l'Union soviétique: choses vues (French Edition) by CHRISTIAN MEGRELIS

Le naufrage de l'Union soviétique: choses vues (French Edition) by CHRISTIAN MEGRELIS

Auteur:CHRISTIAN MEGRELIS [MEGRELIS, CHRISTIAN]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Transcontinentale d'edition.
Publié: 2020-05-07T23:00:00+00:00


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Nouvelle escale à Saint-Pétersbourg

9 février 1992. Il était 8 heures du matin, le train entrait en gare de Saint-Pétersbourg, nouveau nom de Leningrad. Rien n’avait changé. Serait-ce la même chose en ville ? J’avais en mémoire ma visite deux ans plus tôt de la ville française de Leningrad.

La gare était encore noire quand le train se traîna, après quinze heures de halètements, vers le quai en ruine qui l’attendait au milieu du lac de boue laissé par le dernier dégel. Le cul-de-sac enfoui dans un brouillard glacial cachait une petite foule anxieuse qui guettait, sans doute depuis des heures, notre arrivée tardive. La préposée au confort, qui avait présidé toute la nuit aux cérémonies du thé dans le ventre de la bête, sortit de sa cabine en ajustant sa jupe et sa casquette galonnée. Les passagers étaient déjà dans le couloir, sacs au pied. Les cabines larges ouvertes laissaient s’échapper les odeurs habituelles des confinements humains. Une fois à l’arrêt, le train fit encore trois allers-retours de quelques mètres, comme s’il n’arrivait pas à se convaincre qu’il avait finalement réussi à atteindre le but qu’il s’était fixé. Une fois stabilisé, et après que les habitants des couloirs eurent retrouvé leur équilibre mis à mal par les derniers hoquets, la matrone ouvrit la porte du wagon, ajusta les marches et descendit la première, triomphale, sur le quai boueux, comme pour souhaiter à ses hôtes de la nuit la bienvenue dans la nouvelle Saint-Pétersbourg. C’était la coutume dans les transports soviétiques, avions et trains, de laisser sortir les équipages en priorité, comme s’ils redoutaient de passer une minute de plus dans l’engin qu’ils avaient mené à bon port. Descendre du wagon demandait une certaine souplesse, le compartiment planant à un mètre cinquante au-dessus du quai.

Les lampadaires blafards qui ponctuaient les quais remplissaient leur office à contrecœur. La foule emmitouflée qui s’acheminait comme une procession de limaces vers la sortie regardait surtout ses pieds pour éviter de choir dans les flaques glauques ou de trébucher dans les nids-de-poule inondés. Les quelques taxis asthmatiques ayant été pris d’assaut par les voltigeurs de l’avant-garde, les suivants n’eurent d’autre choix que de se précipiter dans la bouche de métro.

La Mairie avait promis qu’une voiture attendrait. La même Tchaïka noire me conduisit donc à l’Astoria, que je connaissais déjà. Le chauffeur ne parlait pas un mot d’anglais, la course fut donc silencieuse, comme je le souhaitais. On m’attendait à 10 h 30 à la mairie. J’avais le temps de faire une mini sieste et d’essayer de prendre une douche si l’eau n’était pas trop bouillante. Comme elle l’était, il y eut un peu plus de temps pour la sieste… Les bagages déballés et entassés dans un recoin à portemanteau, je sortis mes dossiers pour récapituler l’agenda des trois prochains jours.

Comme je venais d’être élu vice-président de l’UIE (Union internationale des économistes), j’aurais comme interlocuteur principal le patron du département international de la Mairie.

L’accueil à la mairie ne fut pas vraiment chaleureux, tout juste protocolaire. Comme à la



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